Cité somnolente de quelques centaines de milliers d’habitants il y a encore peu de temps, Austin a vu sa population doubler en 20 ans, est devenue la onzième plus grand ville des Etats-Unis et s’est imposée comme l’une des plus dynamiques du pays. Le seul inconvénient d’Austin, plaisantent ses habitants, c’est qu’elle est entourée du Texas.

Au-delà de South By Southwest (music, film et interactive), clinquante vitrine annuelle de dix jours, la capitale de l’Etat est aujourd’hui l’un des piliers culturels et des terreaux artistiques les plus fertiles des Etats-Unis. La Live Music Capital of the World, ville aux 100 (et quelques) clubs, est aussi à travers ses Silicon Hills devenue un pôle américain des hautes technologies. « Selon l’économiste Richard Florida, l’attractivité d’Austin est due à l’existence en son sein d’une communauté qui généralement attache une grande valeur à la créativité, à l’individualité, à la différence et au mérite, explique Robert Schuller qui travaille pour la Texas Film Commission, division du bureau du Gouverneur. C’est ce que recherchent les boîtes à succès dans les industries de la musique, du cinéma et de l’high tech. En ce qui concerne le 7e art, la présence de réalisateurs renommés comme Richard Linklater (Dazed and Confused, Fast Food Nation, Before Midnight… ) et Robert Rodriguez (Une Nuit en enfer, Sin City, Planète Terreur) qui ont étudié à l’Université du Texas à Austin et ont décidé de rester dans les parages, est assurément un atout. Ils ont tendance à tourner leurs films en ville ou aux alentours. Et ce n’est pas sans impact économique. »

Les avantages d’Austin mis à part son climat idyllique? Les terrains, et donc forcément les maisons, y sont bon marché. Le coût de la vie y est bas. Et comme le soulignait en octobre dernier le Time Magazine dans un article recensant les dix raisons pour lesquelles le Texas incarne le futur de l’Amérique, l’Etat n’a pas d’impôt sur le revenu. Par habitant, les taxes (nationales et locales) s’y élèvent en moyenne à 3500 dollars par an, contre 4900 en Californie et 7400 à New York… Un petit paradis en somme pour les artistes, souvent fauchés, et une jeunesse cultivée qui se lance dans la vie active.

Créée en 1883, l’University of Texas d’Austin est devenue l’une des plus prestigieuses du pays et accueille quelque 50000 étudiants. Un intéressant réservoir pour entretenir le flambeau des Willie Nelson et autre Stevie Ray Vaughan qui ont permis à la ville d’émerger sur la scène musicale nationale dans les années 70. Le plus vieux programme musical de la télé américaine n’est autre qu’Austin City Limits, lancé en 1976 pour célébrer la musique texane…

En l’an 2000, interpelé par le développement excessif de la ville et inquiet à l’idée qu’elle perde son identité, un bibliothécaire a inventé le slogan « Keep Austin Weird » (Gardons Austin bizarre), un appel à la singularité et au combat contre l’homogénéisation placardé sur les 4X4, les vélos et les étuis de guitare. Les Austiniens sont confiants. « Tant que les gens continueront à décorer leur corps et leur bagnole, tout ira bien… » American beauty!

J.B.

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