Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.40 FRANCE 3

DE CéDRIC KLAPISCH.

Elle a un corps de liane, Aurélie Dupont. Une silhouette à la fois délicate et musculeuse, séchée par un entraînement à la dure, sur laquelle on devine chaque nerfs, chaque fibre, chaque tendon. Mais le plus impressionnant chez cette ballerine star, étoile de l’Opéra national de Paris, c’est son regard. Des mirettes de Bambi ourlés de cils kilométriques, des yeux caresses, qui délaissent quelquefois leur infinie douceur pour exprimer une obstination étonnante. Parce que la danseuse que les marques de luxe se disputent n’est pas qu’une artiste. Elle est aussi un petit soldat, courageux, qui monte sur scène comme on va au front, les pieds en compote, l’angoisse lui tenaillant l’estomac, mais qui n’en laisse rien paraître. The show must go on, et elle s’acquitte de sa tâche avec une grâce inouïe.

AMOUREUSE

Aurélie Dupont danse l’espace d’un instant, dans ce film de Cédric Klapisch ( L’Auberge espagnole, Les Poupées russes – où il s’intéressait déjà à une ballerine…), qui a enroulé sa caméra amoureuse autour des jambes de la belle. Lorsqu’il reçut l’or au dernier Festival International de Programmes Audiovisuels de Biarritz, le réalisateur lâcha, malicieux, que « ça valait le coup de regarder une jolie fille pendant 3 ans ». Aurélie Dupont danse dans cette hagiographie, et elle n’y fait rien d’autre. Pas de confidences sur ses amours (alors qu’elle a fréquenté du people), pas de plans pris chez elle, pas d’immersion dans ses loisirs (en a-t-elle?)… Et pourtant, l’intimité transpire de ces images superbes, dans lesquelles Klapisch a saisi l’essence de la danse, entre douleur, discipline et extase.

Un passage illustre bien le tempérament de la danseuse: enceinte jusqu’aux yeux, l’allure un peu épaisse, elle s’interroge sur sa capacité à revenir à l’avant-plan. Cinq mois plus tard, un sourire jusqu’aux oreilles, elle est à nouveau mince comme un fil, et habile comme un lasso.

Cédric Klapisch s’enflamme pour 4 grands rôles d’amoureuse: Marguerite de La Dame aux camélias chorégraphié par John Neumeier, Odette Odile du Lac des Cygnes et Raymonda du ballet éponyme – deux chorégraphies signées Rudolf Noureev et enfin Constance du Parc, chorégraphié par Angelin Preljocaj. Il montre parfois le processus avant le résultat, parfois le produit fini avant ses coulisses… En résulte un film arachnéen, dans lequel on se plonge avec ravissement.

Myriam Leroy

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