Argent brûlé

On ne soulignera jamais assez l’intérêt des formats poche et des rééditions, et notamment le travail effectué par les « petites » éditions Zulma et leur collection de poche aux covers assurées par David Pearson. On aurait ainsi pu s’arrêter sur La Part des chiens de Marcus Malte, qui a le seul tort de ressortir en même temps que la réédition, et retraduction, du petit chef-d’oeuvre de Ricardo Piglia, décédé il y a quatre ans et lui-même pépite de la littérature noire argentine et plus largement latino-américaine. Il suffit de relire cet Argent brûlé aussi rapide que dense pour s’en rendre compte: Piglia nous fait revivre ici, mais de l’intérieur, le casse du siècle argentin réellement commis en septembre 1965 à Buenos Aires par un trio improbable, bourré de coco et d’amphets, et qui s’achèvera en bain de sang 600 kilomètres plus loin, de l’autre côté de la frontière, en Uruguay. Deux cents pages sans une virgule de trop d’une folle cavale et d’un brutal fait divers tel un Truman Capote enfiévré, mais dont Piglia use surtout pour brosser le portrait implacable de cette Argentine péroniste où le gris devint la norme, prélude à la dictature militaire qui s’y installera bientôt.

De Ricardo Piglia, éditions Zulma, traduit de l’espagnol (Argentine) par François-Michel Durazzo, 224 pages.

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