Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

INAUGURÉE EN 2005, ALICE GALLERY A OUVERT UNE NOUVELLE BRÈCHE À BRUXELLES. AVEC ALICE VAN DEN ABEELE ET RAPHAËL CRUYT, L’ART CONTEMPORAIN NE SE CARESSE PLUS LE NOMBRIL.

En 2004, Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt -ils se sont rencontrés en 2002 au Café Belga, where else?- se trouvent devant une page blanche. Quoi faire? Avant ce temps mort, ils ont pas mal roulé leur bosse. Elle, jolie comme un c£ur, a étudié l’Histoire de l’art à Boston. Elle a ensuite travaillé dans une galerie à New York, celle de Tania Bonakdar, avant de filer à Londres, puis à Paris où elle a £uvré au sein d’une boîte d’événements. Lui, beau gosse à la voix ténébreuse, est illustrateur et dessinateur de presse à la base -notamment pour Gus, magazine gay pour lequel il a imaginé un strip décalé et faussement homophobe. A part ça, Raphaël Cruyt a tout fait, depuis une formation de soudeur au rachat d’une société multimédia. Après le succès d’une exposition imaginée par Alice van den Abeele en 2003 – Tribus Urbaines-, ils se posent ensemble la question de l’avenir. C’est qu’ils sentent confusément quelque chose qui flotte dans l’air du temps. Ce quelque chose, Alice a déjà pu le palper à la Biennale de Venise avec Street Market, une installation culte -signée par Barry McGee, Steve Powers et Todd James- initialement exposée à la Deitch Gallery qui recréait l’atmosphère d’une rue à coups d’enseignes lumineuses, de graffitis et de shops reconstitués . A Paris, aussi, à 2 cette fois, ils ont une micro révélation en entrant chez The Lazy Dog, librairie branchée art et graphic design du XIe. Alice et Raphaël y flairent qu’il n’y a personne pour défendre une génération émergente d’artistes. Et que, trop souvent, le monde de l’art claque la porte au nez d’une flopée de talents issus de la culture du mixage et du zapping . Souvent activistes nés dans la rue, mais pas uniquement, ceux-là se rassemblent sur Internet pour constituer un réseau vivant qui n’a que faire du langage autoréférentiel du cénacle de l’art contemporain. C’est décidé, Alice et Raphaël leur ouvriront la porte à Bruxelles.

Humain, très humain

Août 2004, la décision est prise: ils conçoivent le projet d’une galerie dans laquelle un petit shop servira à mettre le pied à l’étrier de tous ceux que rebute la froideur de l’art contemporain. Quatre mois plus tard, l’affaire est bouclée, Alice Gallery est inaugurée au bout de la rue Antoine Dansaert, face au Walvis. Autant dire un quartier idéal, juste comme ils aiment, à la fois mixte et villageois dans l’esprit. Là, se succèderont les têtes de pont de cette génération qui leur ressemble tant: du local, Sozyone ( voir notre dossier page 20) et Byz, mais aussi de l’international, Maya Hayuk, Sixeart, Barry McGee -où l’on renoue avec ses intuitions- ou encore Olivier Kosta-Théfaine. Si le travail exposé diffère de ce qu’on a l’habitude de voir en ce qu’il panache les disciplines -musique, graphisme, audio-visuel-, Alice et Raphaël envisagent aussi différemment leur rapport aux artistes. Impossible d’exposer sur la simple qualité du travail, il faut se voir, s’apprivoiser pour bosser ensemble. Lorsqu’il descend à Bruxelles, Sixeart loge toujours chez eux. Cinq ans plus tard, Alice déménage et rectifie le tir. Installée dans la rue du Pays de Liège, l’esprit évolue. Plus de shop et, à la place de la salle d’exposition en sous-sol, un espace blanc lumineux en forme d’écrin, au souffle d’une génération plus si « lost «  que ça. l

u WWW.ALICEBXL.COM

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