Alentour

© DUANE A TRIBUTE STÉPHANE KROPF 2015, COURTESY OF ARTIST AND GALLERY JOY DEROUVRE A

On a beaucoup trop rapidement fait de jeter le bébé conceptuel avec l’eau du bain minimal. Dédiée à un ensemble de pratiques artistiques aisément perçues comme ascétiques, voire décharnées, la Fondation CAB n’est pas sans risquer d’effrayer le visiteur dont la matière grise est formatée par des jugements à l’emporte-pièce. Abstraction primaire, abstraction géométrique, art optique, art conceptuel… Autant de registres réputés insolubles dans le bain de l’humour et de l’existence. Erreur, grave erreur. Conceptualisme et minimalisme ne riment pas forcément avec bâillement à s’en décrocher la mâchoire. Tout dépend de la manière dont on les aborde. En demandant au très impertinent artiste suisse John Armleder (1948, Genève) d’imaginer une proposition sur ces thématiques, la fondation de la rue Borrens prouve que réunir les lignes épurées et graphiques peut déboucher sur une petite sauterie esthétique qui ratisse large, des amis de longue date aux anciennes compagnes, tout autant qu’elle bat en brèche l’esprit de sérieux. Ce petit monde -treize personnes si l’on s’abstient de compter le principal intéressé- est disposé avec beaucoup d’à-propos. Dans la première salle, Armleder se sert d’un mur épais qu’il utilise comme un axe symétrique. De part et d’autre se répondent des toiles, des sculptures aussi, que l’on doit à John Tremblay (1966, New York) et Stéphane Kropf (1979, Lausanne). On retient particulièrement Duane (A Tribute) (2015) du second, ce tableau à chevron met l’oeil au bord du vertige. Pour qui s’illusionnerait sur le sublime en peinture, l’iconoclaste curateur convoque des pièces de mobilier des années 70, façon de bien rappeler que l’horizon borné du « bon goût » n’est jamais loin. Tout aussi réjouissante est la seconde partie de l’accrochage, qui se donne sur un inattendu fond de couleur rouge rubis. Aussi flamboyant que jubilatoire, ce dispositif accueille des pièces magnétiques, qu’il s’agisse d’une toile à l’acrylique sur bois, évoquant une palette de maquillage, de Sylvie Fleury (1961, Genève), ou d’une composition rigoureuse à l’aquarelle signée Fabrice Gygi (1965, Genève).

Exposition collective, Fondation CAB, 32-34 rue Borrens, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 22/06. www.fondationcab.com

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