La comédienne belge fait dans Illégal une création bouleversante. Premier Prix du Conservatoire à Bruxelles, elle a aussi étudié à celui de Paris, avant de tenir son premier rôle de cinéma dans La Puritaine de Doillon. Ma vie en rose, Le Secret et Cages ont démontré le talent de celle qui est aussi active au théâtre.

Comment avez-vous abordé le rôle?

J’avais une totale confiance en Olivier. C’est déjà le cinquième film que nous faisons ensemble. J’avais aussi comme le sentiment d’usurper la place d’une autre, car je ne suis pas russe mais belge… Olivier m’a expliqué ses (très bonnes) raisons, mais je lui ai demandé de pouvoir travailler en amont avant de donner ma réponse. Je voulais savoir si je serais capable d’interpréter cette femme…

Quel travail en amont?

J’ai fait appel à 2 femmes extraordinaires. Une metteuse en scène de théâtre russe, avec laquelle j’avais travaillé il y a 10 ans et dont le parcours ressemble un peu à celui de l’héroïne. Elle m’a beaucoup apporté pour la phonétique de la langue, l’accent, le background culturel. Et puis une comédienne biélorusse, dont le parcours a été encore plus difficile que celui de Tania. Je ne voulais pas un prof de langue. J’ai appris directement de ces femmes si généreuses, la musique de la langue mais aussi ce qu’elles ont vécu dans leur chair.

Quel écho le sujet éveillait-il en vous, et l’expérience du film en a-t-elle modifié votre perception?

C’est le type de rôle qui vous apprend énormément de choses. J’avais l’impression d’en savoir un petit peu sur le parcours de ces gens, la difficulté du déracinement, la vie en clandestinité. Par contre, sur les centres de rétention, je ne savais pratiquement rien. Penser qu’on enferme dans ces sortes de prisons des gens qui n’ont commis aucun crime, qui ont le simple tort de ne pas avoir de papiers… L’enquête qu’Olivier a menée, le fait d’avoir pu entrer dans ces centres, m’ont à la fois terrifiée et appris beaucoup de choses. Le film ne prétend pas avoir de solution à l’immigration, vaste et complexe question, mais il dit -et je dis- que quelle que soit la politique qui est menée en la matière, de tels centres n’ont pas à exister. Et que ces gens n’ont pas à être traités comme ils le sont. l

L.D.

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