Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

20.45 ARTE

DRAME D’ ALEJANDRO GONZALEZ INARRITU. AVEC SEAN PENN, NAOMI WATTS, BENICIO DEL TORO. 2003.

Révélé par Amours chien-nes, le jeune cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu réalisait avec 21 grammes son premier long métrage « hollywoodien ». Par la production et le casting, seulement. Mais pas dans son approche artistique, toujours aussi personnelle que celle de ses (formidables) débuts. Ecrit comme le film précédent par le talentueux scénariste Guillermo Arriaga, c’est un récit choral menant en parallèle puis croisant les destins de plusieurs personnages. Paul (Sean Penn) est professeur de mathématiques. Malade du c£ur, il attend qu’un organe puisse lui être transplanté. Il ne connaît pas Cristina (Naomi Watts), une ex-junkie s’étant libérée de la drogue et menant une vie harmonieuse avec son mari, alors que Paul n’est pour sa part guère heureux en ménage. Le troisième personnage principal de l’histoire est Jack (Benicio Del Toro), un gangster rangé des voitures et qui veut s’investir dans l’aide aux jeunes en danger. Il ne connaît ni Paul, ni Cristina, mais le hasard (le destin?) sous la forme d’un accident terrible va les rapprocher pour le pire, et aussi le meilleur…

Dire que 21 grammes est brillamment écrit relève de l’évidence. Tout comme de célébrer la précision de sa mise en scène, la justesse dont fait preuve Inarritu dans ses choix de réalisateur. Mais cette virtuosité de forme et de sens marque surtout le spectateur par l’émotion remarquable, bouleversante souvent, qui naît du spectacle du film. Les acteurs, tous magnifiques, sont bien sûr pour beaucoup dans cette réussite qui va droit au… c£ur. Les artifices de construction habituels au tandem Arriaga – Inarritu (le premier écrira encore Babel pour le second) sont transcendés par un flux émotionnel palpable, qui captive et touche profondément. 21 grammes nous offre aussi, par-dessus le marché, abondante matière à réflexion morale, sur des thèmes comme le hasard, la destinée, la culpabilité, le remords, la vie, la mort, et la condition humaine en général. Sans le moindre prêchi-prêcha, sans trop d’intentions lourdement soulignées, avec une grâce dont les acteurs se font les admirables garants.

LOUIS DANVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content