Critique

[Critique ciné] Once Upon a Time… in Hollywood : 1969, année mélancolique

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le réalisateur de Pulp Fiction ressasse ses obsessions, réécrivant l’Histoire à la faveur d’un vibrant hommage au cinéma. Mais encore…

Cinéaste à la cinéphilie gourmande et partageuse, Quentin Tarantino (lire plus sur sa filmo pages 14 et 15) n’a eu de cesse de truffer ses films de références les plus diverses, démarche trouvant aujourd’hui une forme d’aboutissement dans Once Upon a Time… in Hollywood, oeuvre-somme en forme d’hommage nostalgique au cinéma hollywoodien. Et un film sur lequel plane encore une onde vaguement mélancolique qui faisait aussi le charme de Jackie Brown, sans conteste le sommet de sa filmographie. S’immergeant dans le Los Angeles de 1969, Tarantino y emboîte le pas à Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), star déclinante de la télévision désormais vouée aux westerns de série Z sinon spaghetti comme l’y invite un producteur cabot (Al Pacino), et à son ami et doublure de longue date, Cliff Booth (Brad Pitt), cascadeur presque résigné à jouer les chauffeurs à défaut de mieux.

[Critique ciné] Once Upon a Time... in Hollywood : 1969, année mélancolique

Soit un duo sorti tout droit du Hollywood d’antan, avant, par exemple, que leurs voisins de Cielo Drive, Roman Polanski (Rafal Zawierucha) et Sharon Tate (Margot Robbie), ne soient le couple le plus hip de la ville, que l’on ne croise des « fucking hippies » à tous les coins de rue, qu’une enfant-actrice insolente ne se pique de leur en remontrer, ou que la Manson Family n’occupe un ancien movie ranch dans la Vallée. Quelque chose comme les témoins malgré eux de la fin d’un monde et plus encore, l’utopie des sixties s’apprêtant à se dissiper dans un épisode tragique et sanglant…

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Bavardages

C’est peu dire que le réalisateur de Pulp Fiction trouve dans ce contexte un terrain de jeu idéal. Et le film, un concentré de pop culture, de multiplier les citations alignées avec un soin maniaque (comme, du reste, celui porté à la reconstitution d’époque) au gré d’une mise en scène déclinant les genres avec virtuosité. Soit, agrémenté de morceaux de bravoure (la rencontre de Cliff Booth avec Bruce Lee (Mike Moh) sur le plateau de la série The Green Hornet) comme de fulgurances (Margot Robbie, en Sharon Tate de fiction, appréciant son modèle dans The Wrecking Crew…), du pur Tarantino, fétichisme, figures de style, bande-son mastoc, humour macho et flambées de violence paroxystique inclus. Sans oublier les interminables bavardages qui constituent sa marque de fabrique -dommage que ce soit le plus souvent pour ne rien dire.

Du reste, et s’il démarre sur les chapeaux de roue, ce Once Upon a Time… in Hollywood s’abîme bientôt dans un ronron insignifiant traversé de divers éclairs, en plus d’une relecture de l’Histoire discutable. Soit un hommage au cinéma en forme de divertissement plaisant mais puéril où, plus que Leonardo DiCaprio, un Brad Pitt au sommet de la coolitude attire la lumière, les autres, Margot Robbie comprise, en étant réduit(e)s à jouer les utilités.

Once Upon a Time… in Hollywood

De Quentin Tarantino. Avec Brad Pitt, Leonardo DiCaprio, Margot Robbie. 2h42. Sortie: 14/08. ***

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