EX-KING OF COMEDY – DES CLASSIQUES DE SCORSESE AUX FILMS DE SÉRIE TRASH À LA RODRIGUEZ, ARRÊT EN 4 BLU-RAY SUR LE PARCOURS DE ROBERT DE NIRO, ACTEUR TUTOYANT LES EXTRÊMES.

1 DE MARTIN SCORSESE. AVEC ROBERT DE NIRO, HARVEY KEITEL, AMY ROBINSON. 1973. 1 H 52. ED: CARLOTTA. DIST: TWIN PICS.

2 DE MARTIN SCORSESE. AVEC ROBERT DE NIRO, HARVEY KEITEL, JODIE FOSTER. 1976. 1 H 54. DIST: SONY.

3 DE BARRY LEVINSON. AVEC ROBERT DE NIRO, KEVIN BACON, BRAD PITT. 1996. 2 H 27. DIST: UNIVERSAL.

4 DE ROBERT RODRIGUEZ. AVEC DANNY TREJO, MICHELLE RODRIGUEZ, ROBERT DE NIRO. 2010. 1 H 45. DIST: SONY.Aux côtés d’Al Pacino, Robert De Niro a longtemps incarné quelque chose comme « le meilleur acteur américain de sa génération » -ce dont avait magistralement tiré profit Michael Mann en 1995, en les opposant dans Heat. Mais si le premier a su se faire désirer au gré de fort rares apparitions à l’écran, le second s’est multiplié tous azimuts, sans se montrer particulièrement regardant -euphémisme: la carrière de De Niro ressemble, depuis une quinzaine d’années, à un chapelet de toiles quelconques, quand il ne se vautre pas, indifférent, dans la médiocrité.

Violence et désagrégation

De ce glissement, l’actualité Blu-ray apporte la démonstration en 4 films qui balaient un parcours ayant conduit l’acteur d’un extrême à l’autre, de Mean Streets à Machete, de classique en série Z. Sorti en 1973, Mean Streets ouvre la fructueuse collaboration qui devait, plus de 20 ans et 8 films durant, lier De Niro à Martin Scorsese. La rencontre a pour cadre Little Italy, quartier new-yorkais de leur enfance, pour une histoire relatant le quotidien de petites frappes, au rang desquelles Charlie (Harvey Keitel) que l’attitude irresponsable de Johnny Boy (De Niro) entraîne dans une spirale de violence et de désagrégation. Dans ce qui est peut-être son £uvre la plus intensément personnelle, Scorsese affirme son style, tandis que le naturel de De Niro explose face à la caméra. C’est un chef-d’£uvre, bientôt suivi d’un autre, Taxi Driver, équipée vengeresse d’un taximan dont la solitude abyssale se double de paranoïa aiguë -voir le fameux « Are You Talkin’ to Me? » Idéalement restitués par le support Blu-ray, les 2 films sont aussi accompagnés de compléments à tomber raide. En sus des analyses et autres témoignages autorisés, Mean Streets est ainsi livré avec son pendant intime, Italianamerican, moyen métrage de 1974 où Scorsese questionne ses parents sur l’histoire de sa famille. Quant à Taxi Driver, il bénéficie notamment de larges contributions de Paul Schrader, son scénariste, comme de ses acteurs, là où des taximen évoquent le New York d’avant la « disneyisation ». Dans l’un et l’autre cas, l’écrin est à la mesure de films incontournables.

Vingt ans plus tard, De Niro tourne le premier de ses 3 films avec Barry Levinson, Sleepers. L’acteur en impose toujours dans le rôle d’un curé de quartier à la morale fluctuante. Mais le film, qui aligne encore un parterre de stars, établies ou en devenir (Dustin Hoffman, Kevin Bacon, Brad Pitt), laisse pour le moins dubitatif. En cause, une ambiguïté profonde, sous-tendant l’histoire de gamins de Hell’s Kitchen se vengeant du gardien qui avait abusé d’eux en maison de redressement. Enfin, le récent Machete vient souligner l’impasse dans laquelle semble désormais se trouver un De Niro alternant comédies lourdaudes et films de série -ici, dans le rôle d’un politicien d’extrême droite véreux, bientôt passé à la moulinette du cinéma trash de Robert Rodriguez. On compatit, tout en rêvant de retrouvailles avec Scorsese, qui fit de son alter ego The King of Comedy

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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