Le polar, une histoire de femmes

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Contrairement à ce que peuvent penser certains puristes, le polar a toujours été une histoire de femmes. Mais depuis une vingtaine d’années, ces dernières se taillent plus ouvertement la part du lion dans cet univers autrefois essentiellement masculin.

« Polar » est un terme d’argot qui a vu le jour en France dans les années 70. Il regroupe tous les genres de romans policiers, ceux-ci généralement répartis en trois catégories : roman à énigme, roman noir et roman à suspense plus communément appelé thriller. C’est un genre littéraire très en prise avec les réalités de son temps. Mêlant suspense, action, angoisse et réflexion, le polar a tout pour plaire. Autrefois, le roman policier ne pouvait déroger à un certain nombre de règles fondamentales, comme éviter les situations et solutions banales, l’irrationnel ou encore l’amour qui n’y a longtemps pas trouvé sa place… Mais aujourd’hui, le polar est un style beaucoup plus libre, plus aucune règle ne venant brimer la créativité de ses auteurs. Fini les détectives et leurs loupes, le héros d’aujourd’hui peut être une femme au foyer qui tente de découvrir pourquoi sa voisine a été assassinée voire un serial killer qui tue lui même des tueurs en série ou. Les possibilités et les situations sont infinies et toutes plus tordues les unes que les autres.

A visage couvert
Les femmes ont mis longtemps à pouvoir faire leurs marques dans le monde du polar, même si elles étaient là dès le début, concourant à son essor, d’abord à travers sa traduction. Dès leurs créations, certains titres des séries noires étaient traduits par des femmes, mais elles ne signaient que la première lettre de leur prénom laissant supposer un traducteur, non une traductrice . Une pratique heureusement abolie depuis les années 70.
De manière générale, les femmes auteures ont ce don de plonger l’histoire et les personnages de leur roman au coeur de la société et de ses problèmes. Elles impliquent beaucoup plus leurs personnages dans les rapports humains. En explorant l’âme de leurs protagonistes, mais aussi en les plaçant dans des situations de la vie quotidienne, elles leur donnent beaucoup plus de consistances et un côté plus réaliste. On peut également remarquer une tendance à placer une héroïne plutôt qu’un héros au centre de leur histoire. « Je dois pouvoir voir par les yeux du personnage principal », explique ainsi Patricia McDonald lors d’une conférence à La Foire du Livre.

Dark side of the light

Ces aspects mis à part, les auteures de polar ne laissent pas, la plupart du temps, deviner dans leur écriture qu’elles sont des femmes. Elles écrivent de manière aussi dure, sombre et gore que les hommes peuvent le faire. Elles sont tout aussi incisives que les auteurs du sexe dit fort, parfois même plus.
Et si certains pensent toujours qu’une femme ne peut pas écrire de roman sombre et continuent de privilégier des auteurs de sexe masculin, voici pour eux, et pour les autres une sélection d’auteures de polar dont les livres sont à dévorer sans modération.
Parce que c’est une Belge et qu’elle a du talent:
Nadine Monfils avec Monsieur Émile Faisant partie de la célèbre Série Noire de Gallimard, ce roman met en scène différents protagonistes autour d’un événement : la disparition d’Agnès Durieux. Parmi eux, la petite Nicky, voisine et élève de la disparue qui croit dur comme fer que son amie va revenir, Alphonse, le jardinier, qui profite de l’arrivée d’une nouvelle venue pour la mater par sa fenêtre lorsqu’elle se change, le commissaire de police qui se creuse le crâne pour résoudre cette affaire tout en faisant un petit point de crochet…

Parce qu’elle traite les faits divers comme personne:
Patricia McDonald avec La double mort de Linda

Cette histoire commence le jour de la fête des Mères, alors que Karen, Greg et Jenny, leur fille adoptive, se préparent pour fêter cet événement. C’est alors que Linda, la mère biologique de Jenny, fait son apparition et s’imagine qu’elle va récupérer sa fille qu’elle a abandonnée quelques années plus tôt. Le lendemain matin, le simple malaise tourne au cauchemar lorsque l’on retrouve le cadavre de Linda dans la benne à ordures…

Parce que c’est une pionnière: Patricia Highsmith avec Le rat de Venise

Dans ce livre, Patricia Highsmith donne le pouvoir aux animaux au fil de treize nouvelles. Vous pourrez découvrir ici les aventures de Samson, le cochon qui aimait trop les truffes ou encore celle de Harry, le gentil furet assoiffé de sang. Avec, en guise de morale finale, l’idée que ce n’est pas toujours l’animal le plus bestial.

Parce qu’elle aime le gore et qu’elle nous le fait savoir: Mo Hayder avec Birdman

À Londres, une pelleteuse travaillant sur un terrain vague déterre les cadavres de cinq femmes atrocement mutilées. Un oiseau enfermé vivant dans leur cage thoracique. L’inspecteur Jack Caffery oublie momentanément ses petits problèmes personnels pour se charger de l’enquête.

Parce que cette auteure suédoise ajoute une touche féminine au monde du polar: Camilla Läckberg avec La princesse des glaces
Dans le premier tome de ses aventures, Erika Falk découvre le cadavre de l’une de ses amies d’enfance. Bien que le corps ait été retrouvé plongé dans l’eau froide avec les poignets tailladés, Erica n’arrive pas à croire qu’il s’agit d’un suicide. L’inspecteur Hedström la rejoint sur ce point et va tout tenter pour élucider ce mystère.


Marie Devroede (stg)

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