Le 3ème numéro d’El Rios vous présente la crise politique belge … en BD

Dans quelques jours, le prochain numéro d’El Rios sera disponible en librairie. Le trimestriel se penche une fois de plus sur l’actualité du moment et la revisite en version bande dessinée. Et ce qui a rythmé nos derniers mois, c’est la crise politique. Flamands, Wallons ou Bruxellois, de nombreux dessinateurs nous livrent leurs visions des conflits à la belge.

El Rios, c’est avant tout un nouveau genre de journalisme. Comme nous l’explique Oliver Van Varenbergh, le fondateur du groupe : « La presse graphique existe déjà depuis longtemps. Nous n’inventons rien mais nous voulons plutôt pérenniser le principe qui existait déjà avec les histoires de l’Oncle Paul, etc. » L’idée est donc d’utiliser la bande dessinée pour changer de regard sur l’actualité. Alors on n’hésite pas à être un peu plus incisif, à faire rire et surtout à donner un regard beaucoup plus subjectif sur les choses. « Avec ce nouveau genre, on peut se permettre un changement de ton. Par le dessin, on peut exprimer beaucoup plus de choses que dans un texte et on peut surtout se permettre plus de liberté sur le point de vue que l’on adopte« . Le lecteur doit alors faire appel à ses émotions et surtout à son imagination pour recréer l’espace qu’il manque entre deux bulles, et c’est là toute la magie de la presse graphique. « On part de l’actualité mais toujours dans le but d’en rire. Il y a beaucoup de déconnes, l’actualité est là mais traitée de façon plus légère. »

Derrière El Rios, se cache une bande de trois « Coiffeurs pour dames« . Mais ceux-ci ne s’occupent pas de cheveux. Non, eux ils tranchent dans le vif de l’actualité en la remodelant aux traits de leurs crayons et feutres noirs. Olivier Van Varenbergh, ancien rédacteur en chef du journal de Spirou et journaliste formé chez Le Soir, Steven Hermans, un dessinateur et auteur actif dans le monde de la BD et Claude Milan, un graphiste de la presse écrite et audiovisuelle, voila l’équipe qui s’est elle-même rebaptisée ‘les Coiffeurs pour dames’. Et ces trois domaines de prédilections différents mis ensemble, cela donne une nouvelle génération de presse graphique. « Nous ne sommes pas encore très connus, on est un groupe indépendant et on a nos propres réseaux de distribution mais l’on veut multiplier ce type d’initiatives. D’où l’idée de créer le groupe des Coiffeurs pour dames. »

Leur prochain numéro d’El Rios abordera donc nos problèmes communautaires sous un angle toujours très humoristique. Mais pas question d’en oublier la réalité des choses. Une revisite des évènements de ces derniers mois par des Flamands, des Wallons, des Bruxellois, mais surtout par des Belges !
« Il y a 16 pages en A3 dont 12 sur la Belgique. On aborde son histoire, les repères culturels des trois communautés, le point de vue de l’étranger sur notre crise politique mais on traite aussi d’autres sujets de l’actualité de ces dernières semaines. On parle par exemple de Facebook, de la pédophilie ou encore des inondations. » Vous pourrez aussi reconnaitre les coups de crayons de quelques pointures du milieu comme Peter Bagge, Bertschy, Jake Raynal ou encore Chris Garbutt.

Et les Coiffeurs de l’actualité n’en sont pas à leur coup d’essai. A l’été 2008, ils avaient déjà envahi les pages de l’édition week-end du Soir. Chaque week-end, ils avaient toute une page pour traiter l’actualité de la semaine à leur façon, toujours très décalée ! D’ailleurs, le nom El Rios n’est autre que Le Soir à l’envers, un petit hommage à leurs débuts.

Et le genre touche aussi le reste de la presse …

D’autres publications s’intéressent aussi à la presse graphique mais dans une moindre mesure. On pense au magazine TOC ou au XXI qui présentent tous les mois un récit graphique. Les reportages-BD, ce sont des reporters qui laissent tomber leur clavier, leur appareil photo ou leur caméra pour présenter leurs reportages de terrain sous forme de cases et de bulles tracées au crayon. Une tendance qui commence doucement à s’imposer comme genre journalistique à part entière.

Et c’est tellement vrai que le Monde Diplomatique s’est lui aussi laissé tenter. Dans une édition hors série d’octobre 2010 le célèbre quotidien pose un regard tout aussi politique sur l’actualité mais sous forme de bande dessinée. Une centaine de pages de sujets politiques et sociaux vus d’une façon beaucoup plus amusante. Comme l’explique Monsieur Vandermeulen (le célèbre auteur de BD Léopold Ferdinand Vandermeulen qui écrit sous l’avatar de son double, Monsieur Vandermeulen, des ouvrages pour la jeunesse) dans l’édito : « Plus personne ne lit le Monde Diplomatique jusqu’au bout. C’est bien. C’est de bonne qualité. C’est exigeant. C’est un peu chiant aussi. » D’où l’envie de le rendre un peu moins ‘chiant’ et de renouveler l’attraction envers des analyses souvent déprimantes des rédacteurs.

Focus n’a pas échappé à la tendance. En mars 2009, votre supplément vous offrait un numéro spécial BD à l’occasion de l’année de la bande dessinée à Bruxelles. Un numéro entièrement en récit graphique qui se lisait « avec les yeux« . Même le célèbre groupe Indochine a eu droit à sa version dessinée. Les grandes affiches du programme télé s’étaient aussi retrouvées customisées avec l’annonce d’un film de Clint Eastwood redessinée à la Blueberry ou encore une présentation très loufoque de Toy Soldiers.

Ne reste plus qu’à espérer pour les plus BDvores que ce genre continue son ascension et gagne de grands journaux d’informations pour le plus grand plaisir de nos yeux !

Céline Sohier (Stg)

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