La Foire du Livre 2019 flirte avec la littérature flamande

Tom Lanoye © BELGA/Dirk Waem
FocusVif.be Rédaction en ligne

La Foire du Livre de Bruxelles fêtera cette année ses 50 ans d’existence avec une région « invitée d’honneur » pour le moins particulière, puisqu’il s’agit de la Flandre, ce « voisin du Nord » dont on s’étonne parfois de trouver « plus facilement des traductions d’oeuvres à Paris qu’à Bruxelles ».

« La Foire est née en 1969. Dès le départ, elle a eu une ambition internationale. Nous avons au fil des ans accueilli l’Italie, l’Espagne, entre autres… Mais nous n’avions pas encore accueilli nos amis Flamands », s’étonne d’emblée lundi, lors de la présentation de l’édition-anniversaire, Hervé Gérard, président du conseil d’administration de la Foire du Livre.

Plus qu’une invitation, il semble même que ce soit une véritable histoire d’amour et de séduction que la Foire bruxelloise a proposée aux institutions flamandes, ou plutôt à ses auteurs. Vu les dates de l’évènement, qui débute le jour de la Saint-Valentin (14 février) pour se clore le 17, la présence de la région invitée a en effet été placée sous le thème « Flirt flamand », nom qui sera aussi donné au pavillon dédié.

« N’est-il pas bizarre que les traductions des auteurs flamands soient parfois plus faciles à trouver à Paris qu’à Bruxelles? (…) On doit pouvoir faire mieux. (…) Puisque la Saint-Valentin a lieu dans cette édition, nous avons décidé de faire connaissance de la manière la plus séduisante possible. Un rendez-vous galant réussi commence le plus souvent pas des préliminaires remarquables, or la littérature flamande regorge de telles entrées en matière », s’est réjoui lundi Koen Van Bockstal, directeur de Flanders Literature (fonds flamand des Lettres). C’est à ce fonds que le ministre flamand de la Culture Sven Gatz a confié la tâche de gérer la présence à Bruxelles de la région-communauté en tant qu’invitée d’honneur.

« Surréaliste que les francophones connaissent si peu les auteurs flamands »

Un fonds qui est également impliqué dans la traduction de nombreux ouvrages d’auteurs flamands (de fiction ou non, de poésie, en littérature jeunesse, romans graphiques…). Ces dernières années, la Flandre a clairement souhaité donner un coup de fouet à la promotion de sa littérature et de ses auteurs à l’étranger, avec un succès certain, observe Koen Van Bockstal en marge de la présentation de la 50e édition de la Foire. Le fonds flamand des Lettres contribue en moyenne, chaque année, à la traduction de 125 oeuvres flamandes de tous types, vers des dizaines de langues différentes. L’intérêt est croissant, assure Koen Van Bockstal, qui précise qu’en 2018, c’est le français qui arrivait en tête des langues vers lesquelles les traductions se font. Même si la Belgique francophone n’est pas « l’étranger » à proprement parler, la collaboration avec la Foire du Livre de Bruxelles entre pleinement dans cette volonté de rayonnement hors des frontières, observe-t-il. Précédemment, un jalon important a été placé lors de la participation en 2016, avec les Pays-Bas, à la Frankfurter Buchmesse, la Foire du Livre de Francfort (Allemagne) qui est l’évènement le plus important au monde dans ce domaine. « Résultat: un record de 315 traductions littéraires vers l’Allemand » et une foule de contacts établis, note le directeur de Flanders Literature.

« La considération internationale pour notre littérature n’a jamais été aussi grande », confirme le ministre Sven Gatz. « Il est surréaliste que les francophones connaissent si peu les auteurs flamands », estime-t-il face aux journalistes et aux organisateurs. « Et ce n’est pas un reproche, car l’inverse est tout aussi vrai. » Dans cette optique, « j’espère que Flirt Flamand ne restera pas un événement unique, mais qu’il sera la première étape qui permettra aux communautés à Bruxelles de profiter ensemble de notre littérature », ajoute le ministre. « Nous souhaitons jeter un pont entre les Belges néerlandophones et francophones qui sont amoureux des livres. » Les organisateurs ont d’ailleurs souligné que la programmation « flamande » de la Foire bruxelloise vise aussi les néerlandophones, pour lesquels toute une série d’activités a été imaginée en collaboration avec des acteurs comme Passa Porta ou Muntpunt, entre autres.

La collaboration « ne s’arrête pas aux stands »

A noter qu’il est d’ores et déjà prévu de prolonger dans les prochaines années une collaboration entre Flamands et francophones sur le plan littéraire, puisqu’un contrat de 3 ans a été signé avec la Boekenbeurs, la Foire du Livre d’Anvers, qui prévoit la présence d’un stand de chacun sur l’évènement de l’autre, pour trois éditions de chaque. Le premier échange a eu lieu à l’automne dernier sur l’évènement anversois, et un stand Boekenbeurs sera présent à Tour et Taxis, à côté de « Flirt flamand ». Geert Briers de Boek.be, organisation qui gère la Boekenbeurs, souligne que la collaboration « ne s’arrête pas aux stands respectifs » dans le cadre de cette collaboration. « Les éditeurs se rencontreront au moins deux fois durant l’année », indique-t-il.

Du 14 au 17 février sur le site de Tour et Taxis, ce sont donc deux pavillons qui seront placées sous le signe de la littérature flamande. A côté de celui de la Boekenbeurs, c’est avec un programme très fourni que le pavillon « Flirt flamand » prendra forme, avec notamment des rencontres avec des traducteurs (fr-nl ou nl-fr), des écrivains (dont Jeroen Olyslaegers, Tom Lanoye et bien d’autres) mais aussi du théâtre, de la BD, ou même du slam de poésie. Selon les dires de Sven Gatz, ce sont « plus de 50 auteurs flamands ayant récemment vu leurs oeuvres traduites en français » qui seront présents sur la Foire.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content