La BD en 2014: plus de parutions, moins de tirages

La BD, même le Prince Laurent et fils aiment ça (photo prise à la Foire du livre 2014). © BELGA/Jasper Jacobs
FocusVif.be Rédaction en ligne

Production de bande dessinée en hausse mais tirages toujours en baisse, inflation d’éditeurs mais domination de trois géants, résistance du secteur mais précarité des auteurs: 2014 a été sur le territoire francophone européen « l’année des contradictions », selon un rapport annuel publié lundi.

Après un recul en 2013 (le premier depuis 17 ans), la production de bandes dessinées sur le territoire francophone européen (France et Belgique essentiellement) est repartie à la hausse cette année, avec 5.410 titres publiés (+4,64%) dont 3.946 nouveautés, indique l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD). Il y a vingt ans, on comptait seulement quelques centaines de nouveautés par an…

« La diversification du secteur reste dynamique, mais la prudence plus que l’innovation domine dans un marché en manque de visibilité », souligne Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD. Et si « l’économie générale du secteur se maintient, le niveau de vie des auteurs professionnels est préoccupant ».

Trois puissants groupes contrôlent une grande partie de l’offre éditoriale: les français Delcourt et Glénat et le franco-belge Média-Participations ont totalisé à eux seuls 36,23 % de la production (38,18% en 2013). Pourtant, en 2014, le nombre de maisons s’est accru: 349 éditeurs, dont 121 nouveaux venus, ont publié des BD, contre 332 l’an passé.

Les ventes en volume se sont tassées d’environ 0,7% sur les 9 premiers mois de 2014 (par rapport à la même période de 2013), d’après Livres Hebdo/I+C. Il faudra attendre le début de l’année prochaine pour affiner le bilan mais le 4e trimestre devrait être moins bon que celui de 2013, soutenu par Astérix chez les Pictes, tiré à 5 millions d’exemplaires toutes éditions confondues.

L’économie de la bande dessinée, dans son ensemble, résiste toujours à la crise, mais les tirages de la plupart des principaux best-sellers de l’année subissent un nouveau recul.

Succès des séries

L’essentiel du chiffre d’affaires du secteur a été réalisé par quelques titres, majoritairement des séries. Seuls 98 albums ont été tirés à plus de 50.000 exemplaires (19 de moins qu’en 2013), dont 75 appartenant au domaine franco-belge (86 en 2013).

Aux premiers rangs, se retrouvent Blake et Mortimer tome 23 (430.000 exemplaires), Le Chat tome 19 (350.000), Joe Bar Team tome 8 (350.000), Largo Winch tome 19 (350.000), Lucky Luke tome 6 (270.000), Happy Parents de Zep (220.000), XIII tome 23 (210.000) et Les Légendaires tome 17 (180.000).

Parmi les autres succès, L’Arabe du futur: une jeunesse au Moyen-Orient de Riad Sattouf a été tiré à 150.000 et Moi, René Tardi prisonnier de guerre au Stalag II B T. 2 de Jacques Tardi à 120.000.

Par ailleurs, la BD francophone demeure très ouverte aux productions étrangères, Asie et Etats-Unis restant en tête avec, respectivement, 1.576 et 431 nouveaux titres traduits sur 2.275 bandes dessinées issues de 31 pays différents.

La BD numérique a du mal à trouver ses marques, malgré de nombreuses initiatives d’auteurs, de diffuseurs ou d’éditeurs. La plateforme de distribution Izneo créée par les éditeurs s’affirme comme le leader du marché français avec 300.000 albums vendus (10.000 en 2010). Désormais, un quart de son activité est réalisé hors de l’espace francophone européen.

Selon les critères mis en place depuis douze ans, 1.411 auteurs réussiraient encore à vivre de la création de BD sur le territoire francophone européen, contre 1.492 l’année précédente mais leur situation demeure difficile. Quand leurs oeuvres servent de base à des films, téléfims, animations ou jeux vidéo, les auteurs s’en sortent mieux financièrement.

Côté adaptations, au moins 22 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des films, téléfilms et dessins animés.

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