Hervé Le Tellier remporte le Goncourt 2020; Marie-Hélène Lafon le Renaudot

Hervé Le Tellier © Joël Saget/AFP
FocusVif.be Rédaction en ligne

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Le prix Goncourt, prestigieuse distinction littéraire française, a été attribué lundi lors d’une visioconférence à Hervé Le Tellier pour L’Anomalie (Gallimard), roman iconoclaste sur un événement difficilement explicable que l’on va s’acharner à s’expliquer. L’écrivain français, âgé de 63 ans, mathématicien de formation, ancien journaliste et président de l’association de l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle), a obtenu huit voix contre deux pour L’Historiographe du royaume de Maël Renouard.

« On ne s’attend jamais à un prix comme le Goncourt. D’abord on n’écrit pas pour l’avoir, et puis on ne peut pas s’imaginer l’avoir », a déclaré le lauréat lors d’une visioconférence, aux côtés de son éditeur, Antoine Gallimard.

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L’Anomalie, huitième roman d’Hervé Le Tellier, raconte les suites d’un événement étrange, à savoir qu’un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d’intervalle. Le récit, haletant, convoque avec brio tous les genres, roman noir, récit littéraire classique, procès-verbaux d’interrogatoire, etc. « L’idée c’est que puisque Trump est là, puisque Trump est la cause de la destruction du monde, la vision du livre c’est de proposer une autre version du monde, où Biden est président », a-t-il dit.

« Ce livre va faire du bien à beaucoup de monde en ce moment parce que nous vivons une époque comme tout le monde le sait, pas très réjouissante. Ce livre va enchanter beaucoup de monde. Merci de l’avoir écrit », a commenté l’écrivain Tahar Ben Jelloun, membre de l’Académie Goncourt, en visioconférence.

Les trois autres finalistes étaient donc Maël Renouard, édité chez Grasset, la Camerounaise Djaïli Amadou Amal avec Les Impatientes (Emmanuelle Colas) et Camille de Toledo avec Thésée, sa vie nouvelle (Verdier).

Marie-Hélène Lafon
Marie-Hélène Lafon© Joël Saget/AFP

Le Renaudot à Marie-Hélène Lafon

De son côté, le prix Renaudot a été décerné, quelques minutes après le Goncourt, à Marie-Hélène Lafon, pour son roman Histoire du fils (Buchet-Chastel), une saga qui court sur un siècle, de 1908 à 2008. Le personnage principal, André, élevé par sa tante, y perce un secret de famille en explorant sa généalogie.

« C’est un parcours d’écriture, d’édition, de fidélité avec une maison qui a fait confiance à quelqu’un qui était parfaitement inconnu il y a 19 ans », a commenté, peu après cette annonce, Marie-Hélène Lafon, lors d’un entretien retransmis par le mensuel spécialisé Livres Hebdo. « Je suis d’autant plus heureuse de l’avoir que les libraires, plus que jamais cette année, ont besoin des prix », a-t-elle ajouté.

Marie-Hélène Lafon, 58 ans, peu connue du grand public, est une autrice au long CV, avec déjà 13 romans à son actif. Elle est professeure de lettres classiques à Paris. Son roman avait été déjà remarqué de nombreux jurys littéraires en cette rentrée, remportant au passage le prix des librairies de Nancy en septembre. Le personnage principal de son roman, André, élevé par sa tante, perce un secret de famille en explorant sa généalogie.

La Canadienne Dominique Fortier, avec Les Villes de papier (Grasset), une biographie romancée de la poétesse Emily Dickinson, a remporté le Renaudot de l’essai.

Jury renouvelé

Le Goncourt et le Renaudot, remis par des jurys bénévoles, ne rapportent rien ou presque à un écrivain: 10 euros pour le premier, 0 euro pour le second. Mais ils constituent des enjeux économiques cruciaux pour les auteurs et éditeurs, car des dizaines voire des centaines de milliers de lecteurs font confiance à ces labels. Conscients de cet enjeu, les deux prix ont préféré attendre la réouverture des librairies françaises, intervenue samedi après un mois de fermeture pour raisons sanitaires.

« Dans cette rentrée, il y a eu 500 écrivains qui ont publié des textes (…) On est quatre finalistes, donc on voit bien qu’il y a eu beaucoup de blessés », relevait vendredi Hervé Le Tellier, sur la radio France Culture.

Outre des conditions inédites, le Goncourt se distingue cette année par un jury en partie renouvelé. Le journaliste Bernard Pivot a quitté la présidence de l’Académie fin 2019, et la romancière Virginie Despentes a démissionné début 2020. L’essayiste Pascal Bruckner et la romancière Camille Laurens ont fait leur entrée au sein du jury désormais présidé par l’écrivain Didier Decoin.

Au Renaudot, le journaliste et écrivain Jérôme Garcin avait démissionné en mars avec l’intention de susciter un renouvellement et de favoriser la présence de femmes au sein du jury. Il n’a pas encore trouvé de successeur.

En 2019, le Goncourt avait été remporté par Jean-Paul Dubois, avec Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Le Renaudot avait choisi le roman de Sylvain Tesson La Panthère des neiges, et l’essai d’Eric Neuhoff (Très) cher cinéma français.

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