Critique | Livres

[Critique livres] Par les routes, de Sylvain Prudhomme

© L'Arbalète Gallimard
Fabrice Delmeire Journaliste

ROMAN | Pour ceux qui veulent changer d’air, il y a les livres de Sylvain Prudhomme.

Croisant les récits, il est l’auteur d’une oeuvre où la fiction voisine avec le reportage (L’Affaire Furtif, Légende). Consacrée au grand large des utopies, le réel s’y confronte aux fantasmes, à l’envie impérieuse de croire, notamment aux rencontres. Sacha quitte Paris pour entamer une nouvelle vie dans une petite ville du sud-est de la France. Sans avoir pensé à lui, il retrouve « l’autostoppeur », celui à qui il avait demandé bien des années plus tôt de sortir de sa vie. Amoureux, installé, devenu père, l’autostoppeur disparaît pourtant durant plusieurs jours pour aller à la rencontre de ceux qui veulent bien s’arrêter. « Je dis la vérité aux automobilistes: qu’en réalité je me fiche un peu d’arriver où que ce soit. (…) Que je suis surtout venu les voir eux. » Prudhomme, lui, nous embarque sans nous poser de questions. On l’envie pour cette « nature globalement disposée au bonheur », nous rappelant sans cesse à l’exigence de vivre, dans la solitude et ses moments de joie. La prise de distance, être à soi pour être au monde, on vient pour en croquer. Par les routes rejoint la famille de ces livres attrape-coeur où l’on note, enregistre, grappille avec la force de l’amitié et du désir, tous les endroits qu’il nous fait (re)découvrir. Parce que la vie n’attend pas. En comparaison, les autres livres nous laissent la même impression d’un bitume dur, impersonnel, extraordinairement rigide sous les semelles. « Il a répété on n’est pas bien. Putain on n’est pas bien. On est bien, j’ai concédé. «  Allez, lectrice/lecteur, que ta nouvelle vie n’attende pas.

De Sylvain Prudhomme, Éditions L’Arbalète Gallimard, 304 pages. ****(*)

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