Critique | Livres

Chronique BD: Aâma (tome 3)

Colin Bouchat Journaliste BD

Il est toujours très difficile d’expliquer le pourquoi des choses qu’on aime profondément. Parce que bien souvent, soit c’est évident et qu’il n’y a rien à ajouter, soit l’ouvrage en question éveille des choses personnelles, enfouies dans l’inconscient et impossible d’en parler sans tomber dans des digressions sans fin.

Chronique BD: Aâma (tome 3)

Bien sûr, on pourrait résumer ce nouvel épisode par le consensuel: « Le mystère va en s’épaississant, mais nos héros s’approchent du but… «  Mais Aâma n’est pas qu’un récit d’aventure qui renoue avec les grandes épopées de science-fiction: Frederik Peeters est un explorateur de l’âme, un sondeur de vie. Les grandes questions existentielles, il se les pose également -le genre n’est qu’un prétexte. « Quel est le lien que j’essaie de tisser entre le livre que je fais et ce qu’il y a de plus intime et de plus vibrant en moi ou dans la relation que j’ai avec le monde? », se demande-t-il ainsi sur son blog (projet-aama.blogspot.com). Toutes les réponses ne se trouvent pas dans ce tome 3. Sur la planète Ona(ji), le créateur de Aâma, une expérience menée par des scientifiques, a disparu, emportant avec lui cette dernière. Verloc le loser, son frère Conrad et Churchill le robot plus quelques autres, partent à sa recherche. Au fur et à mesure de la progression vers Aâma, entité devenue désormais organique, mécanique, informatique et complètement autonome, le groupe est confronté à une réaction de défense d’une extrême violence, mais également à une remise en question de ses convictions profondes, voire de sa place dans cette aventure. Peeters, non content d’être un raconteur d’histoires, est également un extraordinaire dessinateur et coloriste. Aux influences de E.P. Jacobs et J.C. Forest s’ajoute un hommage à H. Miyazaki. Il excelle dans une veine ici plus réaliste que dans ses précédentes créations tout en gardant -vous l’aurez compris- l’art de nous confronter à nos propres interrogations.

  • DE FREDERIK PEETERS, ÉDITIONS GALLIMARD, 86 PAGES.

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