Best of 2020 (part one): les meilleurs livres et BD de l’année entamée

Paul Kawczak © LAURENCE GRANDBOIS BERNARD
Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Séance de rattrapage: à mi-chemin d’une année mouvementée, on fait le point sur les meilleures sorties en librairie des six mois écoulés.

Ténèbre

De Paul Kawczak, éditions La Peuplade, 320 pages.

Avant même le regain récent du débat sur la décolonisation, Ténèbre -en lisière de Joseph Conrad- était déjà plus hanté et mémorable que bien des premiers romans. Embarquer avec le géomètre Pierre Claeys à bord du navire Fleur de Bruges, au coeur de ce Congo sous Léopold II, c’est prendre part à une fiévreuse aventure historique qui vous questionne, sans jamais se départir d’une poésie sous-cutanée. A.R.

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Vie de Gérard Fulmard

De Jean Echenoz, éditions de Minuit, 240 pages.

Ressemblant « à n’importe qui en moins bien », Gérard Fulmard est enrôlé comme homme de main dans un parti politique de seconde classe. Dans ce panier de crabes, l’anti-héros placide découvre étourdi la valse des complots, passions et autres circonstances pugnaces. Hauteur de vue, génie comique, cascade de parenthèses tonitruantes: un des livres les plus drôles et élégants de l’année par le maître du roman noir burlesque. F.DE.

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Croc fendu

De Tanya Tagaq, éditions Bourgois, traduit de l’anglais (Canada) par Sophie Voillot, 208 pages.

Bien peu de romans initiatiques ont la puissance âpre et lyrique de ce premier texte très personnel de l’activiste et chanteuse de gorge innue Tanya Tagaq. Bien peu ont aussi cette forme inventive et hybride pour porter un propos politique urgent: il est grand temps que le Canada fasse toute la lumière sur la violence endémique envers les filles et femmes autochtones. A.R.

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Idiot Wind

De Peter Kaldheim, éditions Delcourt, traduit de l’anglais (États-Unis) par Séverine Weiss, 416 pages.

Dans un récit émouvant et plein d’humilité, Peter Kaldheim raconte l’odyssée kerouacienne à travers les États-Unis qu’il entreprit il y a 30 ans. Fuyant New York où il a vu sa vie sombrer dans l’alcool et la drogue, l’ex-brillant étudiant en lettres erre de ville en ville pendant des mois, croisant l’Amérique des déclassés qui vendent leur sang pour survivre. Loin des clichés misérabilistes et sans se départir de son sens de l’humour, le vagabond redécouvre dans les bas-fonds l’empathie, la loyauté et la charité. Un voyage rédempteur qui le mènera de l’autre côté du pays mais aussi de l’autre côté de lui-même. L.R.

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Le Champ

De Robert Seethaler, éditions Sabine Wespieser, traduit de l’allemand (Autriche) par Elisabeth Landes, 280 pages.

Dans le cimetière de Paulstadt -bourgade fictive-, un vieil homme en déclin chemine entre les tombes, en cherchant à entendre ce que les défunts auraient à exposer comme éclats et failles de leur existence. Avec la grâce qu’on lui connaissait déjà dans Le Tabac Tresniek, Seethaler touche au plus précieux de l’infra-ordinaire et de l’humain… Ne passez pas à côté de ce viatique! A.R.

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Lake Success

De Gary Shteyngart, éditions de l’Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Roques, 384 pages.

Golden boy new-yorkais parti de rien, Barry Cohen incarne la réussite. Jusqu’à ce jour de 2016 où sa vie dorée part en vrille. La commission boursière le soupçonne de délit d’initié et il ne supporte plus de ne pas pouvoir communiquer avec son fils autiste. Sur un coup de tête, il plaque tout et monte dans un bus. Direction le Nouveau-Mexique. Le début d’un pèlerinage dans un pays épuisé moralement. Sur le mode de la satire burlesque, Shteyngart revisite ici le mythe de la chute et de l’odyssée rédemptrice, l’enrobant d’une pellicule de roman social qui en fait un tableau saisissant de réalisme de l’Amérique de Trump. L.R.

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Évangile des égarés

De Georgina Tacou, éditions Gallimard/L’Arpenteur, 198 pages.

Flora s’est perdue dans la dépression. Son seul compagnon: le livre Mars de Fritz Zorn, sa révolte. Rejoignant la fraternité d’une clinique psychiatrique, royaume des égarés, elle réapprend à dire « bonjour » et « comment ça va pas? ». La solidarité retrouvée fait poindre un faisceau de lumière où les voix pleines de brisures se refont une nouvelle peau. Saisissant, un livre qu’on n’oublie pas. F.DE.

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Tous les vivants

De C.E. Morgan, éditions Gallimard, traduit de l’anglais (États-Unis) par Mathilde Bach, 240 pages.

Aloma, orpheline élevée dans une école catholique, rejoint Orren, garçon fier et taciturne qui a repris seul l’exploitation familiale. Ils sont amoureux mais se connaissent à peine. Elle va vite déchanter. Il la délaisse, se tuant à la tâche pour sauver le domaine alors que sévit une sécheresse d’ampleur biblique. Elle rêvait d’une carrière de pianiste, elle se retrouve femme au foyer prisonnière d’une maison peuplée de fantômes. Déchirée entre sa loyauté et un puissant désir d’émancipation, la jeune fille vacille et chavire. Un récital teinté de mélancolie d’une beauté organique sidérante sur la condition de la femme, sur le lien à la terre, sur l’amour et sur le sens du sacrifice. Brillant. L.R.

>> Le prix du désir: lire notre critique in extenso

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Au rayon BD

Le constat a de quoi interpeller, voire inquiéter: malgré presque trois mois sans sorties et le report de près d’un millier de titres, le marché de la BD déborde encore d’albums! Outre nos coups de coeur déjà abordés ici (tels Le Dernier Atlas, MIND MGMT, Cruelle, Kingdom Fields, Michel, Aldobrando ou encore Funky Town), le trop plein de nouveautés sur les trois premiers mois de l’année ne nous a pas permis d’évoquer l’excellent deuxième tome de la non moins bonne série Bolchoï Arena de Boulet et Aseyn, de saluer la fin de l’excellente série jeunesse Hilda de Luke Pearson, de pointer l’inclassable Karmen de Guillem March ou le très beau La Bombe d’Alcante, Denis Rodier et Laurent-Frédéric Bollée de , ou de s’épancher sur le bouleversant Taureau par les cornes de Morvandiau. Le tout alors que les jeunes auteurs belges se sont distingués et se bousculent au portillon, de Yannick Grossetête (Merci l’amour, merci la vie) à Marc Dubuisson (Mortel, avec Thierry Martin) ou Mortis Ghost (Dr Cataclym), sans oublier les plus Belges de tous, Vincent Patar et Stéphane Aubier, qui ont enfin fait atterrir l’intégrale que méritait Pic Pic André et ses amis. À se demander s’il y a bien eu un confinement! O.V.V.

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