BD numérique: le Professeur Cyclope ouvre l’½il

© Professeur Cyclope
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Le premier mensuel de bandes dessinées et fictions numériques attire tous les regards: tout le secteur de l’édition attend de voir…

« Un terrain de jeu inédit pour des auteurs en recherche de nouveaux modes d’expression… » Cette fois, ça y est, le terrain de jeu existe, même s’il est virtuel: un nouveau magazine de bande dessinée voit le jour en France, avec un casting de brutes (Pedrosa, Anouk Ricard, Brüno, Pluttark, Sorel, Vehlmann, bientôt Vivès et d’autres), des séries prometteuses, de l’expérience dans le domaine (on retrouve ici nombre d’auteurs déjà présents dans feu Capsule Cosmique), mais point d’éditeur: cette revue-là ne sera que numérique et se passera, dans un premier temps du moins, du papier. Une double révolution, artistique et économique, qui enthousiasme la Toile et les amateurs depuis des mois -on ne parlait que de ça à Angoulême- mais qui va désormais se frotter à la réalité du marché. « On espère entre 1000 et 1500 abonnés la première année, explique Gwen de Bonneval, auteur et rédacteur en chef du Cyclope. Il nous en faudrait 8000 pour être totalement indépendants et pérennes. » Une équation inconnue jusqu’ici, à laquelle personne, et certainement pas les éditeurs papier, n’avaient osé se frotter. De l’avenir du Cyclope dépendra donc, aussi, une partie de l’avenir de la bande dessinée francophone. Sans doute rien de moins.

Création et business plan

A la base, ils sont cinq -Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Cyril Pedrosa, Hervé Tanquerelle et Brüno. Leur carrière BD respective n’a pas attendu le Web et les tablettes graphiques, mais l’envie est venue dès 2010, via l’épineuse question, toujours pendante, de la rétribution des droits d’auteur des oeuvres numériques. Un nouvel univers narratif s’ouvrait devant eux, sans que personne n’ose jouer les pionniers. Ils se sont donc réparti le boulot. Gwen jouera les directeurs éditoriaux, Hervé le rédacteur en chef, Fabien le VRP de luxe, avec une double ambition: inventer un nouveau support, et proposer une juste rétribution à ses auteurs. 2013 sera donc fondamentale, puisqu’ils sont en réalité deux à se lancer cette année: Le Professeur Cyclope, basé sur l’ado-adulte et la fiction, et La Revue dessinée, qui « e-paraîtra » en septembre, fondée elle sur le principe du BD-reportage. Deux initiatives nouvelles avec des auteurs pour seul moteur, mais qui ont aussi choisi des business plans très différents: Le Professeur joue la carte du freemium en coproduction avec Arte tandis que La Revue a fait le choix du crowdsourcing et de… l’édition papier, qui paraîtra dans la foulée de la version Web. Une édition papier qui va donc suivre de près ces nouvelles expériences. Voire de très près: s’ils furent tous attentistes au moment de la fondation de Silicomix, la SARL regroupant les fondateurs du Professeur, certains sont déjà revenus frapper à la porte pour obtenir des exclusivités papier. Gallimard, lui, a d’ores et déjà pris 5% des parts de La Revue. Reste à savoir ce qu’ils pourront publier, puisque le contenu du Professeur est avant tout conçu pour tablettes et écrans tactiles, avant même les PC: turbomédia, case par case, gif, bande dessinée augmentée, narration verticale… Un nouveau terrain de jeu, en effet.

WWW.PROFESSEURCYCLOPE.FR

CYCLOPE, MODE D’EMPLOI

– Le premier numéro du Professeur Cyclope est disponible dès ce 1er mars. Une fois par mois, onze fois par an, un nouveau numéro sera mis en ligne, contenant l’équivalent numérique d’une centaine de planches. Un contenu qui ne sera pas édité avant longtemps, et jamais en tout cas en version papier. Au sommaire: des séries de création originales, des feuilletons au long cours, des séries d’histoires courtes, et L’oeil du Cyclope, un laboratoire « polymédia » qui testera toutes les potentialités narratives de la BD numérique.

– Le Professeur est disponible par abonnement via son site dédié. On peut acheter un numéro à l’unité (4,99 euros) ou par abonnement de trois, six ou onze numéros (chaque mensuel revient alors à 3 euros). Une version « freemium », donc gratuite, est également disponible sur le site de Arte, co-producteur: via www.arte.tv, le lecteur a accès à environ 60% du contenu du numéro du mois, non téléchargeable et renouvelé chaque mois.

– L’abonnement ou l’achat au numéro permet de lire Le Professeur Cyclope sur PC, Mac, iPad ou Android, et de le télécharger uniquement sur tablettes (iPad ou Android). Dans quelques numéros, il sera également disponible en lecture sur smartphones (iPhone, Android) et téléchargeable sur PC et Mac.

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