Les Guignols de l’info en chute libre

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Stagiaire Le Vif

L’émission culte de Canal + vit des heures difficiles. Revenues à l’antenne en 2016 après une longue période de doute, les célèbres marionnettes n’ont plus la cote auprès des spectateurs comme des internautes. Bilan d’un retour loupé.

Peut-on être et avoir été ? Dans le cas des Guignols de l’Info, l’adage n’a jamais paru aussi cinglant tant l’émission, autrefois chouchoutée par le public français, est en train de mourir à petit feu dans la (quasi) indifférence générale.

Rappel des faits. Courant 2015, Vincent Bolloré, président du groupe d’investissement qui porte son nom, fait une entrée remarquée en tant qu’actionnaire majoritaire de Vivendi, puissant acteur des médias audiovisuels français et, entre autres, propriétaire de Canal +. Désormais détenteur des pleins pouvoirs, l’homme d’affaires breton annonce d’emblée d’importants changements au sein de la chaine cryptée, à commencer par une possible suppression des Guignols. Tollé général et mobilisation sur la toile plus tard, le patron précise ses intentions en annonçant un remaniement du programme avant un futur retour sur antenne. Celui-ci intervient quelques mois plus tard, à la mi-décembre, en forme d’ultime répétition. Avec une équipe profondément remaniée, et le départ des membres fondateurs de l’émission, Les Guignols font leur véritable retour à l’antenne le 4 janvier 2016, sous format crypté. Un mois d’antenne plus tard, l’heure est au bilan.

Un nouveau concept qui se cherche

Selon des chiffres officiels obtenus par le site ozap.com, le célèbre JT des marionnettes rassemblerait en moyenne 695.000 téléspectateurs chaque soir à 20h50 (2,6 % de part d’audience), contre encore 1.8 million la saison dernière (8%). Même son de cloche chez les abonnés de la chaîne, obligés désormais de débourser davantage pour un programme disponible en clair pendant 25 ans. Conséquence directe là aussi avec une baisse de fréquentation passant de 14,5 à 11,5%.

Difficile de faire plus clair ; Les Guignols ont perdu des plumes, et ce n’est pas uniquement dû à la fin de la gratuité. Depuis longtemps, les audiences de l’émission dépendent en grande partie de l’intérêt suscité par le programme en prime du milieu de soirée. Et qui dit contenu alléchant dit généralement audiences en hausse, un effet de foule dont peuvent profiter les marionnettes. Or, l’aspect corrosif de leurs propos mis de côté, Les Guignols ne parviennent plus à s’imposer comme un produit d’appel à eux seuls.

L’alternative manquée du web

D’emblée, Vincent Bolloré a voulu miser sur les nouveaux médias pour s’assurer d’un maximum de visibilité. Mais là aussi, Les Guignols peinent à redorer leur popularité en déclin sur le petit écran. Si toutes les émissions sont désormais visibles en podcast sur Dailymotion, propriété de Vivendi, le nombre de vues par vidéo stagne autour des 25.000 de moyenne. Un score assez frileux pour l’un des programmes encore considérés comme phare chez Canal. Un autre coup d’oeil sur Twitter, où le compte affiche 117.000 abonnés (contre près de 800.000 au Petit Journal, qui a le vent en poupe), confirme le manque de viralité des publications et de la marque Guignols auprès de la génération connectée.

Et pour ne rien arranger, la nouvelle formule de l’émission a subi les foudres de la presse, de quoi fragiliser encore davantage sa crédibilité. A ce stade, le pari tenté par Vincent Bolloré semble glisser sur la mauvaise pente. Avant de tirer la prise définitivement ?

Guillaume Alvarez

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