L’oeuvre de la semaine: Sous le noir

Guy Gilsoul Journaliste

La ville de Tulsa dans l’Oklahoma est moins célèbre pour la pire des émeutes raciales dont elle fut le théâtre dans les années 1920 que pour une série de photographies signée Larry Clark sondant sans complaisance une jeunesse tendre, violente et droguée jusqu’à la moelle. C’était en 1971.

Joe Andoe né dans la même ville a alors 16 ans et la rage de vivre en bande, cocaïne, whisky, vols et bagarres au menu des jours et des nuits. Jamais alors, même s’il dessine depuis toujours, il n’imagine devenir artiste. D’abord, parce qu’il a besoin d’argent. Ensuite parce que, pour lui, l’art est une affaire de femme jusqu’au jour où. Jusqu’au jour où, alors qu’au collège local, il suit une formation en agriculture, un cours d’histoire de l’art lui montre des oeuvres de Dennis Oppenheim et de Robert Smithson. Il n’y comprend rien, confiera-t-il, mais les photographies lui montrent deux gars en chapeau de cow-boy qui ont l’air de bien s’amuser. La suite : le départ pour New-York en 1982 et une première exposition.

Légende : RR=2wolf 4/9/18. Photo Hugard & Vanoverschelde Photography.
Légende : RR=2wolf 4/9/18. Photo Hugard & Vanoverschelde Photography. © C de l’artiste et Almine Rech Gallery.

Depuis, il n’arrête plus, se présentant comme un « paysagiste » lui qui vécut la première partie de sa vie dans l’une des métropoles américaines traversées par la célèbre route 66, la « route-mère » écrira John Steinbeck et que chanteront à leur tour Nat King Cole, Chuck Berry et tant d’autres. .. Du coup, depuis près de quarante ans, son champ d’investigations se limite à des vues de bords de route, des ciels ennuagés, des fleurs, quelques vieilles Buicks et Chevrolet et surtout des chevaux et des chiens-loups. Au fil de ans et après avoir abandonné drogues et alcools, Joe Andoe affine une technique qui consiste à retrouver progressivement, partir d’un fond noir et épais, les lumières et la figure des fonds, ce qui donne souvent une apparence fantômatique ou comme ici, un effet d’éblouissement proche de certaines pratiques du cinéma. S’il a bien exposé assez tôt chez Daniel Templon à Paris, sa carrière est surtout américaine (avec quelques présences en Suisse et en Allemagne). C’est la première fois qu’un ensemble de ses oeuvres est présenté à Bruxelles.

Bruxelles, Almine Rech Gallery. 20 rue de l’Abbaye (1050). Du Ma au Sa de 11h à 19h. www.alminerech.com

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