Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent)
DRAME | Andrea Arnold, la réalisatrice de Fish Tank, signe une adaptation singulière de Wuthering Heights, le roman d’Emily Brontë, dont elle livre une vision organique et viscérale, lovée dans une nature ravageuse.
Wuthering Heights, drame d’Andrea Arnold. Avec James Hawson, Kaya Scodelario, Nichola Burley. 2h09. SORTIE: 02/05. ****
Même si une petite dizaine de films se sont déjà directement inspirés de l’unique roman d’Emily Brontë (publié en 1847), celui d’Andrea Arnold n’est pas qu’une adaptation de plus du chef-d’oeuvre de l’écrivaine décédée à 30 ans seulement. La réalisatrice de Red Road et Fish Tank n’était pas femme à signer une transposition classique de l’histoire passionnelle de Catherine et Heathcliff. Dès les premières images d’un homme et d’un enfant marchant péniblement dans un paysage d’éléments déchaînés, la présence de la nature s’inscrit en force. L’homme s’appelle Earnshaw. Il ramène dans sa maison isolée à flanc de colline un gamin abandonné qu’il a recueilli. Heathcliff vivra désormais chez lui, avec ses deux enfants Hindley et Catherine. Le premier le haïra, la seconde l’aimera follement…
Prenant certaines libertés par rapport au livre, Andrea Arnold en traduit les audaces, les fulgurances, les violences, avec un réalisme extraordinairement prenant. Elle en gomme par contre les élans romantiques et surnaturels, préférant une approche viscérale, brutalement concrète, d’une singulière âpreté. Les jeunes interprètes s’inscrivent idéalement dans ce contexte éminemment physique, nourri de pulsions irrésistibles et prenant devant une caméra très impliquée des allures quasi documentaires parfois. Ce Wuthering Heights parle aussi de races et de classes, avec une force expressive rarement atteinte à l’écran, et sans simplification abusive. Admirablement situé dans des décors naturels (du Yorkshire) à la fois superbes et sauvages, le film connaît dans sa seconde partie -plus écrite- quelques baisses d’intensité. Mais toutes les séquences d’enfance atteignent un rare degré d’incandescence, étreignant le spectateur pour l’emmener dans un vertige d’émotions complexes, contrastées. L’ensemble faisant une expérience cinématographique et sensuelle de tout premier plan.
L.D.
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