Critique

Ted

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE | Le buddy movie -ou film de copains- voit ses déclinaisons se multiplier. Dernier exemple en date: Ted, qui fait d’un ours en peluche l’égal de l’homme.

TED, COMÉDIE DE SETH MACFARLANE. AVEC MARK WAHLBERG, MILA KUNIS, GIOVANNI RIBISI. 1H45. SORTIE: 03/10. *

Certes, il y avait bien Harvey, comédie de Henry Koster où James Stewart se baladait au bras d’un lapin géant qu’il était d’ailleurs le seul à voir, fantaisie loufoque dont l’on prêta un temps à Steven Spielberg l’intention de réaliser un remake. Ou encore Turner and Hooch, comédie Disney qui associait Tom Hanks à un Dogue de Bordeaux en un attelage improbable dont on aurait la version nanar quelques années plus tard avec Top Dog, unissant Chuck Norris à Reno the Dog dans un duo de flics dont le slogan pouvait assurer « One’s tough… One’s smart ». Soit autant de déclinaisons inusitées du buddy movie (ou film de copains, genre cinématographique trouvant dans la différence entre ses deux protagonistes centraux son moteur narratif principal), et un phénomène qui tend à se multiplier, Ted, de Seth MacFarlane, n’en étant jamais qu’une nouvelle variante. A croire qu’il y aurait là le remède infaillible au déficit de communication, parmi d’autres maux de l’époque. The Beaver, de Jodie Foster, en apportait d’ailleurs l’illustration, Mel Gibson y passant le plus clair du film à deviser avec une marionnette de castor, compagne privilégiée de son aliénation. Dans la foulée, c’est Jim Carrey que l’on découvrait dans Mr Popper’s Penguins flanqué d’une volée de pingouins chaplinophiles, venus rendre à sa vie un peu de son sens qu’il avait sacrifié sur l’autel de son ascension de wonderboy des affaires. Et jusqu’à, tout récemment, Frank Langella, qui adoptait, dans Robot and Frank, un robot humanoïde pour compagnon de ses vieux jours -le mieux à même d’entendre ses angoisses dans un environnement fonctionnel à l’extrême.

Amnésie sélective

Dernier avatar en date, Ted remet pour sa part la peluche, et sa figure emblématique, le teddy-bear, au goût cinématographique du moment. Simple doudou ou prédateur menaçant -on se souvient de Toy Story 3, notamment-, ce dernier avait déjà payé de sa personne. Le voilà aujourd’hui décliné en une version inédite, rien moins que l’équivalent de l’homo scatologicus qui peuple désormais une bonne partie de la comédie américaine, veine principale d’un film ramenant son argument existentiel initial à fort peu de choses. Et assumant totalement son propos, Mark Wahlberg s’y avérant moins expressif encore que son comparse. S’agissant du film de Seth MacFarlane, c’est peu ou prou tout ce qu’il y a à en dire, son distributeur (UPI, pour ne point le nommer) ne s’y étant pas trompé, qui s’est abstenu d’en organiser une vision de presse officielle. Soit, généralement, le sort réservé aux nanars, et une manière commode d’éviter le feu nourri de la critique. Ted ne vient ainsi que s’ajouter à longue liste des Battleship, American Reunion, The Dilemma, et autres toiles dispensables que cette même société de distribution a omis, ces derniers mois, de présenter à la presse, comme frappée d’accès à répétition d’amnésie sélective. Et ne déroge certes pas à la règle d’une confondante médiocrité d’ensemble; tant va la peluche à l’eau, qu’à la fin elle se casse.

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