Critique

Pater

COMÉDIE DRAMATIQUE | Avec Pater, Alain Cavalier poursuit une oeuvre singulière, libre et légère, refusant le formatage pour mieux affirmer sa foi dans le cinéma.

Le cinéma d’Alain Cavalier a ce chic discret de toujours surprendre, le réalisateur signant des films singuliers qui sont autant de havres de liberté créatrice. Résultant d’un an d’échanges avec Vincent Lindon, Pater ne déroge pas à cette « règle », qui les met en scène, suivant un dispositif léger -je te filme, tu me filmes- et dans un rapport fluctuant: acteur-réalisateur, Président-Premier ministre, père-fils, alors qu’on les retrouve tels qu’en eux-mêmes, dans la vie, mais aussi dans la fiction qu’ils ont inventée pour la circonstance.

Cette dernière, qui fait de l’acteur le Premier ministre du président Cavalier est moins anodine qu’il n’y paraît, puisque leur programme consiste notamment à s’attaquer au gouffre séparant petits et grands salaires. Le réalisateur s’inscrit dès lors, avec humour et esprit, dans le débat public sans verser pour autant dans la démagogie. Et sans plus délaisser la facture intime de son cinéma, puisque son film évolue par ailleurs dans un espace indéfini, qui a le don de dévoiler l’un et l’autre de ses protagonistes, au gré de leurs échanges nourris, ou dans des moments d’une étonnante vérité -voir Lindon dans son dressing, par exemple.

Au détour de ce dispositif inédit, c’est la foi indéfectible d’Alain Cavalier dans le pouvoir de la caméra qui se déploie, pour un résultat proprement bluffant, d’où il ressort, parmi bien d’autres choses encore, que le cinéma n’est pas affaire de moyens mais bien d’inspiration et d’idées, celles du réalisateur trouvant, pour le coup, une formulation ludique et stimulante. A quoi s’ajoute, mais ce n’est pas une révélation, que Vincent Lindon compte bien parmi les acteurs les plus fascinants et les plus audacieux de sa génération -l’un des rares, sans doute, susceptibles de se prêter avec bonheur à ce genre d’exercice sans filet. Le spectateur, pour sa part, sort de l’expérience comblé, porté par le sentiment d’avoir partagé là un moment de cinéma aussi riche et émouvant que rare.

J.F. PL.

PATER, COMÉDIE DRAMATIQUE DE ALAIN CAVALIER. AVEC ALAIN CAVALIER, VINCENT LINDON. 1 H 45. SORTIE: 22/06.

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