Only God Forgives: gonflé, à défaut d’être génial
DRAME MYSTIQUE | Nicolas Winding Refn, le réalisateur de Drive, revient à l’écran avec Ryan Gosling pour un film de genre présenté en compétition à Cannes.
Le personnage principal de cette tragédie familiale quasiment shakespearienne pourrait être Bangkok, ville-monde dont les intérieurs labyrinthiques et le dédale à ciel ouvert ne cessent de souligner la solitude des êtres. Parmi eux, Julian (Ryan Gosling, emmuré dans son silence), jeune homme énigmatique au visage cadenassé que sa mère (Kristin Scott Thomas, un chouïa caricaturale en implacable milf à la blondeur platine) pousse à affronter un vieux flic ripou pour venger la mort de son frère. Le début d’un cauchemar éveillé aux accents profondément mystiques, évoluant entre fascination zen et giclées brutales de violence…
Comme dans Fear X ou autre Valhalla Rising, c’est un monde intérieur, passablement perturbé, plutôt qu’une simple histoire, que le cinéaste danois semble avant tout chercher à raconter dans ce western métaphysique et crépusculaire ouvrant sur un Far East de tous les mystères. Peu accueillant, désincarné, passablement abscons, le film, véritable leçon de mise en scène anti-naturaliste, atteint ainsi dans ses meilleurs moments le pouvoir hypnotique d’un mantra visuel -le dernier quart d’heure, esthétiquement renversant. Pour autant, Winding Refn ne cherche jamais le gimmick qui tue, la scène de bravoure, ne sacrifie rien sur l’autel de l’instantanément culte. Un film gonflé, à défaut d’être génial.
Drame mystique de Nicolas Winding Refn. Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm. 1h30. Sortie: 22/05.
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