Critique

On a vu Spectre, le nouveau James Bond

Daniel Craig dans Spectre, le nouveau James Bond de Sam Mendes. © Jonathan Olley/Metro-Goldwyn-Mayer Pictures/Columbia Pictures
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

FILM D’ESPIONNAGE | À défaut de surprendre, le nouveau Bond malaxe avec beaucoup de style et d’esprit les codes et les figures emblématiques de la saga.

Comment donner suite à Skyfall (2012), épisode objectivement brillant, et accessoirement le plus rentable de l’histoire de la franchise (plus d’un milliard de dollars de recettes!), présentant un héros usé, fatigué, perclus de doutes et en quête de sens, dont le salut ne tenait in fine qu’à un mouvement de retour d’ordre quasi psychanalytique vers le trauma originel: l’enfance volée d’un Bond trop tôt orphelin? Un film plombé où la menace, sournoise, venait de l’intérieur, avançant sous les traits singulièrement diffus d’un terrorisme ultra contemporain.

« Les morts sont vivants« , prévient d’emblée Sam Mendes -avant de plonger dans les festivités du Dia de Muertos mexicain le temps d’une intro (forcément) virtuose. Histoire sans doute d’enfoncer le clou quasi christique de Skyfall, cette idée d’un justicier condamné, fini, revenu à la vie. On l’aura compris, Spectre s’inscrit dans la lignée directe de son prédécesseur, dont il constitue à la fois la parfaite prolongation mais aussi une légère redite. Bond, relevé de ses fonctions, n’y est d’abord plus qu’un « cerf-volant dansant dans un ouragan« . Quant au fameux programme 00 du MI6, il est tout simplement taxé d’obsolescence, déclassé par les avancées techniques dictées par la stratégie orwellienne du tout sécuritaire.

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La traque

Qu’à cela ne tienne, Bond, tel une anguille, prend la tangente pour mieux renaître. Et le film d’adopter à sa suite la forme d’une traque de l’ombre dans un monde globalisé, de Londres à Tanger en passant par Altaussee et Rome, théâtre d’une fast & furious course-poursuite nocturne. Éventail touristique qui l’arrime à sa logique… spectrale, cette 24e aventure du matricule 007 sous bannière Eon Productions convoquant plusieurs fantômes de l’histoire récente de la saga -du grand amour Vesper Lynd à la défunte M, en passant par les vilains Greene, Silva ou Le Chiffre- tout en ressuscitant l’emblématique Ernst Stavro Blofeld. Soit l’une des idées phares d’un film malin et, mieux, sensible, qui oppose à la course folle du monde -« Tempus fugit« , répète plusieurs fois Bond- la nécessité d’en faire quelque chose de bien. Spectre, au fond, c’est un peu l’homme et ses faiblesses contre les vices cachés d’une technologie froide et infaillible -ordinateurs, caméras, drones… Avec cet avantage non négligeable du premier sur la seconde: son permis de tuer s’assortit aussi de celui de ne pas le faire. « Mr Bond, vous avez la fâcheuse habitude de survivre« , ironisait l’infâme Kamal Khan dans Octopussy (1983). En effet, et avec lui un socle cardinal de valeurs humanistes.

DE SAM MENDES. AVEC DANIEL CRAIG, LÉA SEYDOUX, MONICA BELLUCCI. 2H30. SORTIE: 04/11.

Dans le Focus de cette semaine, 8 pages sur James Bond: l’interview de Monica Bellucci, de Naomie Harris, le coffret James Bond Collection, zoom sur les BO…

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