Mostra de Venise: Le J’accuse de Polanski, passionnant mais poussiéreux

J'Accuse, de Roman Polanski © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le cinéaste franco-polonais signe une reconstitution passionnante de l’affaire Dreyfus.

Objet d’une mini-polémique en début de festival – la présidente du jury, la cinéaste argentine Lucrecia Martel, s’étant déclarée « gênée » par la présence du cinéaste en compétition, eu égard aux poursuites dont il est l’objet aux États-Unis, avant d’adopter une courbe rentrante -, le J’accuse de Roman Polanski a eu le mérite de remettre le cinéma au coeur des débats. Vingt-deuxième long métrage du cinéaste, le film est l’aboutissement d’un projet qu’il caressait depuis plusieurs années déjà, une fresque retraçant l’affaire Dreyfus qui avait agité la France de la fin du XIXe siècle.

Empruntant son titre à un article célèbre d’Emile Zola et s’appuyant sur un scénario du Britannique Robert Harris, J’accuse adopte un point de vue aussi original que finalement peu connu, celui du colonel Marie Georges Picquart (Jean Dujardin). Un officier qui, ayant participé de bonne foi à la condamnation pour haute trahison de Dreyfus au nom notamment d’un antisémitisme « ordinaire » dans la France d’alors, va, une fois ses certitudes ébranlées, mettre à mal la version officielle des faits, et contribuer à la révision du procès. Une entreprise n’allant toutefois pas sans mal, l’armée faisant corps pour préserver son honneur, fût-ce au détriment d’un innocent.

Mené avec l’efficacité d’un thriller, J’accuse apporte sur cette affaire un éclairage passionnant, en démontant minutieusement les mécanismes. Dénonçant l’antisémitisme rongeant la société, comme les ravages de la désinformation, le film résonne forcément avec le monde d’aujourd’hui, en plus de faire écho à l’histoire personnelle de Polanski. L’oeuvre est forte et nécessaire, elle pâtit néanmoins de sa mise en scène classique au point de prendre la poussière, et d’une distribution qui, à l’exception d’un Jean Dujardin imposant dans un emploi tragique, ressemble à une succession de numéros – Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Louis Garrel… – ayant surtout le don de quelque peu distraire du film…

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