Mostra de Venise, le film du jour (6): Anomalisa, de Charlie Kaufman et Duke Johnson

Charlie Kaufman et Duke Johnson. © EPA/Andrea Merola
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

On attendait avec curiosité Anomalisa, première incursion dans le cinéma d’animation de Charlie Kaufman, associé pour le coup à Duke Johnson.

Revisitant une pièce radiophonique de son cru, le film s’inscrit clairement dans la lignée de l’oeuvre, cérébrale, du scénariste de Being John Malkovich et autre Adaptation. On y suit les aventures en stop-motion de Michael Stone (à qui David Thewlis prête sa voix), un homme à la vie (de famille) dépassionnée, à qui son ouvrage How May I Help You Help Them? a valu une certaine notoriété le conduisant de mondanités en congrès. Ainsi de celui qui l’emmène à Cincinnati pour y faire une conférence pour des professionnels du service à la clientèle – un séjour s’annonçant d’une banalité et d’un ennui incommensurables. Il est écrit, toutefois, que ce voyage l’arrachera à sa routine. Et après divers micro-épisodes curieux, Michael fait la connaissance, à l’hôtel où il est descendu, de Lisa Hesselman (Jennifer Jason Leigh), une représentante commerciale dénuée de la moindre confiance en elle, dont il se dit qu’elle pourrait bien être la femme de sa vie…

A l’instar de celle de Spike Jonze, l’oeuvre de Charlie Kaufman est identifiable entre toutes. Ainsi, donc, de Anomalisa, incursion dans l’esprit confus de cet homme fatigué, et plongée kaufmanienne (sinon kafkaïenne) au coeur de la solitude et de la dépression. Une entreprise originale, idéalement servie par une technique qui, pour paraître désuète, en souligne aussi discrètement l’étrangeté, sentiment encore renforcé par un travail inédit sur les voix. Soit un film étonnant, sondant l’humain dans ce qu’il a de plus sensible, comédie existentielle subtile et grinçante dont on espère qu’elle trouvera un distributeur en Belgique…

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