Mostra de Venise: le film du jour (1)

Réalité et fiction se contaminent avec bonheur dans ce nouveau film du mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Birdman, d’Alejandro Gonzalez Inarritu.

Douze mois après Alfonso Cuaron et son Gravity, un autre réalisateur mexicain a les honneurs de l’ouverture de la Mostra, puisque le Birdman d’Alejandro Gonzalez Inarritu lancera, ce soir, les festivités vénitiennes. Renouant avec Nicolas Giacobone, son scénariste de Biutiful, le cinéaste y trace le portrait de Riggan Thomson (Michael Keaton), un acteur ayant connu son heure de gloire quelque vingt ans plus tôt sous les traits de Birdman, un super-héros à la mode hollywoodienne. Et qui, désormais has-been patenté, tente de (re)trouver une certaine crédibilité, sinon de se relancer, en montant, à Broadway, une adaptation de Raymond Carver dont il tiendra le premier rôle. L’entreprise est toutefois plus hasardeuse encore qu’il n’y paraît, et va le confronter à ses problèmes d’ego, comme à son désordre intime…

Michael Keaton dans Birdman.
Michael Keaton dans Birdman.© DR

Semblant (définitivement) avoir tourné le dos aux récits polyphoniques façon 21 Grams ou Babel, Inarritu s’en tient au destin contrarié de cet homme (bien encadré toutefois par les Emma Stone, Naomi Watts ou autre Zach Galifianakis); un Icare en combinaison latex qui tutoya un jour les étoiles avant de se voir aujourd’hui rudoyer par un milieu théâtral n’ayant que mépris pour lui (Edward Norton est impeccable en comédien arrogant). Assorti à une critique acide de Hollywood (perpétrant un « génocide culturel »), le regard porté sur la condition de l’acteur confronté au temps et à l’oubli (on pense, par endroits, à quelque déclinaison américaine de Sils Maria) est à la fois aiguisé, féroce et drôle. Il vaut à Michael Keaton, objet d’une mise en abîme vertigineuse, de livrer une composition stupéfiante – de celles qui, au même titre que… Batman, feront date dans son parcours. Quant à Inarritu, il réussit à donner à ce voyage introspectif des contours surprenants, laissant réalité et fiction se contaminer avec bonheur, et signant un film qui, pour afficher une virtuosité fort démonstrative, n’en est pas moins hautement stimulant…

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