Critique

Mad Max: Fury Road, la critique

Tom Hardy dans Mad Max: Fury Road © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

ACTION | Trente ans après, George Miller signe un film-monstre à l’outrance dégénérée à ce point assumée qu’elle fascine. Un grand film (de) malade sous ses dehors d’absolu nanar.

Avec sa voix off d’outre-tombe, l’intro rappelle immanquablement celle de l’épisode 2, The Road Warrior (1981). Toute la « trame » de ce nouveau Fury Road -une traversée foldingue du désert bourrée jusqu’à la gueule de freaks cintrés aux appétits malsains- semble d’ailleurs entièrement pompée sur ce qui reste sans doute comme le segment le plus salement fun de la trilogie originelle. Dans le rôle-titre, gueule d’amour fracassée sur l’autel de la sauvagerie barbare, Tom Hardy succède à Mel Gibson et convainc fort peu, archétype de désespérance 2D dans un déferlement taré d’agressivité 3D. D’abord réduit à jouer les poches de sang pour un jeune demi-mort aux rêves d’éternité, il fait ceci dit un amusant oiseau pour le chat lancé à toute berzingue dans un shoot de pure adrénaline où tout, littéralement, peut arriver. A ses côtés, Charlize Theron, en Imperator Furiosa, lui vole aisément la vedette, un vague propos féministe venant même à l’occasion sous-tendre un film que l’on aurait préféré plus nihiliste encore -seul le tout premier Mad Max (1979), au fond, osait le désenchantement jusqu’au-boutiste.

On l’aura compris, dans ses temps morts, Mad Max: Fury Road est tout à fait insignifiant. Ceux-ci sont tellement rares, pourtant, que rien ne semble devoir freiner la marche hallucinée de ce nouvel épisode fidèle de bout en bout à son appellation: furieux. Un film de tous les excès chorégraphié comme un ballet d’affreux joyeusement convertis à l’ultraviolence. Hyper graphique -on pense plus d’une fois aux Sin City de la paire Miller-Rodriguez-, ce rollercoaster infernal aux fantasmes chromés et opératiques de nawak orgiaque évoque ainsi parfois davantage un cartoon trash et speedé aux couleurs irréelles qu’un film d’action traditionnel. C’est que derrière la caméra, papy George, 70 ans au compteur, fait plus que de la résistance. Il met minable tous les blockbusters bas du front de Hollywood sur leur propre terrain: deux fois plus beauf, moche, fake, bête, solennel et éreintant, Mad Max: Fury Road est aussi dix fois plus monstrueux, jouissif, dingue, malade et donc pertinent que la concurrence. Quel film en effet aujourd’hui pour à la fois mieux dire et magnifier par l’absurde la surenchère de l’époque?

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