Critique

[Le film de la semaine] Toy Story 4, l’éternel retour

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

ANIMATION | Les jouets partent à l’assaut du monde dans une quatrième aventure trépidante qui, à défaut d’enjeu véritable, voit Pixar renouer avec ses fondamentaux.

Réalisé en 1995 par John Lasseter, Toy Story devait bouleverser le paysage de l’animation et imposer le label Pixar. Depuis, Woody, Buzz et les autres ont fait du chemin, tandis que le studio d’Emeryville trustait les honneurs, non sans se « disneyser » au passage. Venant neuf ans après le troisième volet de la saga, Toy Story 4 peut ainsi sembler objectivement dénué d’enjeu. Pour autant, le film de Josh Cooley (storyboard artist sur Ratatouille et Up notamment, avant de superviser le script de Inside Out) se révèle hautement réjouissant, tout en tenant d’un retour bienvenu aux fondamentaux…

La renaissance de la Bergère

Dure, dure, la condition de jouet. Surtout lorsque, comme Woody et ses amis, on doit, après avoir connu l’angoisse de l’abandon -le prologue du film est, à cet égard, un morceau d’anthologie-, faire face à l’arrivée de Forky, petit nouveau confectionné par Bonnie, leur propriétaire, au départ d’une fourchette jetable dépareillée et autres pièces rapportées. Un jouet ne voulant pas en être un, et n’aspirant qu’à retourner à l’état de « trash », mais désormais objet de l’attention exclusive de la fillette. Circonstances qui, combinées à une excursion familiale, vont entraîner le cow-boy attentionné et la petite troupe dans un road-trip mouvementé -direction le vaste monde, ou plutôt Grand Basin et sa fête foraine, pour un saut dans l’inconnu…

Le succès de la franchise Toy Story tient notamment à la parfaite adéquation entre maîtrise technique et richesse narrative. Sans renouer avec l’ambition d’un second épisode qui voyait la série tutoyer les sommets, ce quatrième volet ne déroge pas à la règle, l’animation en images de synthèse s’y révélant, une fois encore, un régal d’imagination, de précision et de fluidité, tandis que le script se déploie sur plusieurs niveaux, ajoutant notamment aux interrogations de Woody, nerf de la saga, la crise existentielle de Forky. Pour autant, Toy Story 4 est avant tout un film d’aventures aussi drôle que trépidant, rollercoaster trouvant dans un champ de foire un terrain d’expression idoine. S’il y a là une galerie de nouveaux personnages savoureux -on pointera, outre Forky, Gabby Gabby, la poupée parlante guère avantagée par sa voix (interprétée en français par Angèle), Duke Caboom, le cascadeur fanfaron valant à Keanu Reeves un grand numéro, ou encore l’impayable duo Duck et Bunny-, la bonne idée du scénario tient au retour de La Bergère, perdue de vue depuis Toy Story 2, et connaissant ici une renaissance inattendue. Avec elle, et les émotions multiples qu’elle génère, c’est aussi comme si Pixar renouait avec ses fondamentaux, histoire, pour paraphraser Buzz l’Éclair, de pouvoir lorgner à nouveau vers l’infini et au-delà…

De Josh Cooley. Avec les voix de Tom Hanks, Annie Potts, Keanu Reeves (VO). 1h40. Sortie: 19/06. ****

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