Critique

[Le film de la semaine] The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn

Elle Fanning dans The Neon Demon de Nicolas Winding Refn. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

HORREUR | Nicolas Winding Refn s’empare du cinéma d’horreur et en travestit habilement les codes.

Le cinéma de Nicolas Winding Refn n’est pas du genre à laisser indifférent. Après un Only God Forgives controversé, The Neon Demon a ainsi été diversement apprécié lors de sa présentation au dernier Festival de Cannes. S’y emparant du cinéma d’horreur, NWR, comme il se fait désormais désigner, en travestit habilement les codes, embarquant le spectateur pour un trip aussi étrange que fascinant dans l’univers de la mode. Soit l’histoire de Jesse (Elle Fanning), jeune fille de pas encore 18 ans débarquant à Los Angeles avec l’ambition d’y devenir mannequin. Et ne manquant certes pas d’arguments, à commencer par une ensorcelante beauté, mais aussi une pureté et une innocence qui ne vont pas manquer d’attiser la jalousie de rivales siliconées…

L’obsession de la beauté est le nerf d’un film qui se veut avant tout expérience visuelle et sensorielle. S’ouvrant sur un shooting aussi léché que glacé, The Neon Demon se déploie ensuite en une succession de plans figés au clinquant appuyé, que Refn laisse s’étirer jusqu’à l’agonie au son de la musique synthétique de Cliff Martinez, orchestrant un ballet fétichiste sur lequel flotte la présence, irréelle, d’Elle Fanning. Si l’on peut faire au film et à son réalisateur le procès d’une esthétique tape-à-l’oeil comme d’une certaine vacuité prétentieuse -mais n’est-ce pas là, précisément, le propos-, l’effet est proprement envoûtant. Et la séduction d’opérer insidieusement, tandis que The Neon Demon bascule dans une abstraction cauchemardesque, comme si la comtesse Elisabeth Bathory s’invitait dans le Mulholland Drive de David Lynch, le tout revisité à la lumière fluo du Spring Breakers d’Harmony Korine. Conte cruel et outrancier, film de genre cannibalesque, voyage hallucinant, la vision de NWR est tout cela à la fois. On y succombe sans réserves…

DE NICOLAS WINDING REFN. AVEC ELLE FANNING, JENA MALONE, KARL GLUSMAN. 1H57. SORTIE: 15/06.

Dans le Focus du 10 juin, notre interview de Nicolas Winding Refn, sa filmographie…

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