Critique

Le film de la semaine: Stoker, du réalisateur d’Old Boy

Stoker - Nicole Kidman et Mia Wasikowska © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

ÉPOUVANTE | Le Coréen Park Chan-wook (Old Boy) réussit un film d’horreur anglo-saxon portant le fer et le frisson au sein d’une cellule familiale en crise

La présence de Nicole Kidman au générique d’un film d’épouvante n’est pas forcément mauvais signe. Vous souvenez-vous du formidable The Others signé Alejandro Amenàbar, où l’actrice australienne était extraordinaire en mère protectrice jusqu’à la paranoïa? Dans le fascinant et frissonnant Stoker (aucun lien apparent avec Bram Stoker, le créateur de Dracula), Kidman incarne à nouveau une maman. Evelyn Stoker a perdu son mari dans un accident de voiture assez étrange, restant seule avec sa fille, India. Mais voici que débarque un oncle dont l’adolescente ignorait l’existence. L’homme s’incruste, s’installe, affichant une séduction qui pourrait bien masquer quelques arrière-pensées… Park Chan-wook, qu’on connut moins sobre, moins économe d’effets, installe d’emblée une ambiance très particulière, lourde de secrets familiaux profondément enfouis, lourde aussi de non-dits et de hors champs respirant une certaine inquiétude. Un sentiment de menace gangrène bientôt le cadre, remarquablement éclairé par le directeur de la photographie Chung Chung-hoon. Seul élément coréen apporté avec lui par le réalisateur d’Old Boy, Chung contribue par ses images à établir la dualité du chaud et du froid, de l’attraction et de la répulsion, qui vont caractériser entre autres l’expérience de Stoker.

Délicieusement morbide

Révélé au Festival de Sundance (la Mecque du cinéma indépendant aux Etats-Unis) au mois de janvier, et tout récemment présenté en clôture du BIFFF à Bruxelles, le premier film occidental du plus talentueux cinéaste coréen de sa génération emprunte (volontairement?) son thème central au formidable et vénéneux Shadow of a Doubt d’Hitchcock, où une jeune fille subissait le charme d’un oncle s’avérant au final être un serial killer. Le script, initié par l’acteur de la série Prison Break Wentworth Miller, ne brille d’ailleurs d’aucune originalité profonde. C’est tout juste une base, sur laquelle Park Chan-wook construit l’édifice assez fascinant d’un film où l’humour noirissime et la perversion, le suspense et la cruauté, s’unissent pour offrir au spectateur une expérience cinématographique délicieusement morbide. Nicole Kidman y est excellente, à fleur de peau comme de désir frustré. Matthew Goode y joue les beaux gosses à la perfection évidemment trompeuse. Mais c’est à la jeune Mia Wasikowska que Park a confié les clés de son film. La jeune actrice de Jane Eyre et de l’Alice In Wonderland de Tim Burton signe une prestation marquante, faite de bravoure authentique et de feinte innocence. Elle s’aventure sans peur dans le labyrinthe de passions où son réalisateur l’attire tout en nous y entraînant inexorablement.

Film d’épouvante de Park Chan-wook. Avec Mia Wasikowska, Nicole Kidman, Matthew Goode. 1h39. Sortie: 8/05.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content