Critique

[Le film de la semaine] Rocketman: biopic habité

© David Appleby
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

FILM BIOGRAPHIQUE | Le biopic très attendu sur Elton John transcende les clichés. Émouvant et, par endroits, brillant!

Le spectaculaire succès public et critique du sympathique, entraînant mais surévalué Bohemian Rhapsody sur Freddie Mercury a fait naître un engouement pour les biopics consacrés à des stars de la scène musicale. Rocketman en est d’autant plus attendu, qui évoque la presque aussi flamboyante figure d’Elton John, ou plutôt Sir Elton puisque c’est ainsi qu’on doit l’appeler depuis son anoblissement par la Queen Elizabeth II en 1998. Le film ne va pas jusqu’à cette époque et on n’y aperçoit pas les ors de Buckingham Palace. C’est dans un centre pour victimes d’addiction que commence Rocketman. Elton John y entre en costume de scène flamboyant, et s’y présente sous son vrai nom: Reginald Dwight. Il se revoit, enfant, et suit cette apparition dans la rue… Qui s’avère être celle de ses premières années, à Pinner, dans le Middlesex. S’ensuit une scène chantée et dansée, digne d’une comédie musicale à l’ancienne. Le ton est donné, le rythme lancé, l’étroit lien entre vie intime et musique posé comme base de travail d’un biopic habité. Un spectacle plein d’allant, de charme mais aussi de noirceur, de brillant mais aussi de douleur.

[Le film de la semaine] Rocketman: biopic habité

Solitude des sommets

Le genre du biopic sur un chanteur rock ou pop suppose presque toujours une série de passages obligés: l’enfance et ses clés intimes, la galère des débuts, le soudain envol vers les cimes du succès, le choc avec les réalités du business, la solitude de la star, l’alcool et la drogue, le sexe (compliqué quand on est gay et pas sorti du placard), les amitiés qui se trahissent ou pas. Rocketman n’évite aucune de ces étapes, mais il transcende les clichés en leur insufflant un supplément de résonance humaine, grâce à l’interprétation très humble de Taron Egerton (la saga Kingsman) et à une chronique s’attachant volontiers aux crises existentielles du personnage central. Ne pas se sentir aimé, ne pas s’aimer soi-même: rien de neuf sous le soleil, bien sûr. Mais une certaine justesse, et même une justesse certaine, dans l’approche du script de Lee Hall, le scénariste de Billy Elliot. La révélation de ce film (à l’âge de quatorze ans), Jamie Bell, interprète dans Rocketman le parolier fétiche et ami fidèle d’Elton John Bernie Taupin. Un écho sympathique, comme celui qui relie Dexter Fletcher, le réalisateur du film, et… Bohemian Rhapsody. Fletcher ayant repris ce dernier film en main après le licenciement de Bryan Singer, en plein tournage, pour « absences répétées et injustifiées ». Fameux clin d’oeil du destin pour un cinéaste de 53 ans jusque-là surtout connu en tant qu’acteur (entre autres pour Guy Ritchie et la série télévisée de Spielberg Band of Brothers), et n’ayant qu’une poignée de longs métrages à son actif. Le précédent était une petite perle intitulée Eddie the Eagle, le portrait d’un fondu de saut à ski, surmontant son manque de talent intrinsèque et de soutien pour participer au concours de saut à ski des Jeux olympiques d’hiver. Un personnage atypique que jouait un jeune acteur nommé… Taron Egerton.

Rocketman

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De Dexter Fletcher. Avec Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden. 2 h 01. Sortie: 29/05.

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