Critique

[Le film de la semaine] Quand on a 17 ans, d’André Téchiné

Corentin Fila et Sandrine Kiberlain dans Quand on a 17 ans, d'André Téchiné. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | André Téchiné inscrit la rencontre de deux jeunes gens dans les paysages pyrénéens, pour signer un film généreux et solaire.

Voilà un moment déjà que, d’une commande à l’autre, le cinéma d’André Téchiné (lire son interview dans le Focus du 25 mars) semblait ronronner quelque peu. Un sentiment que vient aujourd’hui balayer Quand on a 17 ans, un film où l’auteur de Ma saison préférée et autres Témoins renoue avec une vibration toute singulière, celle qui irriguait, il y a une vingtaine d’années, Les Roseaux sauvages, lorsqu’il suivait, dans le sud-ouest, les évolutions de quatre ados se cherchant dans la douceur de l’été 1962 sur arrière-plan de guerre d’Algérie. Si les temps ont changé, l’éternel adolescent demeure, et il est précisément au coeur de ce nouvel opus, une oeuvre lumineuse où le cinéaste dévide une histoire d’amour incandescente, sur les pas, cette fois, de deux jeunes gens fréquentant un même lycée des Pyrénées.

Entre Damien (Kacey Mottet Klein), le fils unique d’une mère médecin et d’un père militaire en mission à l’étranger, et Thomas (Corentin Fila), métis adopté par une famille de paysans du coin, l’affaire est pourtant mal engagée. Et le duo semble dans un premier temps devoir se la jouer chien et chat, se toisant voire se frottant au nom d’une rivalité exacerbée, à défaut de pouvoir exprimer les sentiments qui les assaillent. Une situation qui va toutefois évoluer lorsque Marianne (Sandrine Kiberlain), la mère du premier, invite le second à séjourner chez eux afin de soulager ses parents le temps d’une grossesse difficile, obligeant les deux ados à une cohabitation délicate…

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Emergence du désir

Si le parallèle avec Les Roseaux sauvages s’impose, les deux films exprimant une même fièvre adolescente, au confluent de l’émergence du désir et du bouleversement des corps, la comparaison s’arrête là cependant. Nulle posture nostalgique, en effet, dans la démarche d’André Téchiné, le réalisateur réussissant à capter tout à la fois l’humeur du temps présent et l’énergie animant ses protagonistes -en quoi l’on peut aussi deviner la patte de Céline Sciamma, la réalisatrice de Bande de filles ayant coscénarisé le film.

En résulte une oeuvre intensément physique, corps-à-corps incarné tout en spontanéité par ses deux formidables jeunes acteurs, Kacey Mottet Klein, révélé par L’Enfant d’en haut et également à l’affiche de Keeper,et le débutant Corentin Fila, au charisme ravageur. A quoi le cinéaste adjoint un scintillant portrait de femme -épatante Sandrine Kiberlain-, manière d’élargir encore la dynamique d’un récit déjouant les clichés comme les préjugés. Porté par un souffle romanesque puissant, et suivant des lignes de fuite se fondant harmonieusement dans l’horizon pyrénéen, il y a là une réussite exemplaire, un film solaire et généreux dont l’évidence limpide n’est pas sans évoquer celle d’un Brokeback Mountain.

D’ANDRÉ TÉCHINÉ. AVEC KACEY MOTTET KLEIN, CORENTIN FILA, SANDRINE KIBERLAIN. 1H54. SORTIE: 30/03.

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