Critique | Cinéma

[le film de la semaine] Licorice Pizza: pas besoin d’aller chercher plus loin le film de 2022

© Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc.
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

D’humeur légère, Paul Thomas Anderson orchestre la rencontre entre deux jeunes gens dans la Californie des années 70. Lumineux et virtuose.

Cela commence de façon presque anodine, le jour de la photo de classe, dans un lycée de la région de Los Angeles, au début des années 70. Ado de 15 ans à l’assurance déjà bien affirmée, Gary Valentine (Cooper Hoffman) entreprend de baratiner l’assistante du photographe. Elle s’appelle Alana (Alana Haim), est sensiblement plus âgée et ne fait ce job qu’ad interim, le temps de trouver sa voie. En attendant quoi, amusée autant qu’intriguée par l’entreprenant jeune homme, elle accepte de le revoir et de l’accompagner à New York où, enfant-acteur, il doit participer à une émission de télévision. Les choses ne se passent pas exactement comme prévu, même si un lien les unit désormais, leurs routes n’en finissant plus de se croiser une fois revenus dans la grande banlieue de L.A. et la vallée de San Fernando, lui se lançant dans le commerce de water beds, et elle s’essayant à une carrière d’actrice…

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Une parenthèse bienveillante

Licorice Pizza tient du retour aux sources pour Paul Thomas Anderson, qui retrouve là le cadre géographique où il a grandi; celui, aussi, qui servait de décor à ses films des débuts, les Boogie Nights, Punch-Drunk Loveet autre Magnolia. Délaissant l’horizon tourmenté qui est la marque de son cinéma depuis There Will Be Blood, le réalisateur californien y inscrit une histoire d’une confondante simplicité, épousant les contours mouvementés d’une romance en zigzag, bercée d’une humeur insouciante et grisante portant le sceau de seventies dont l’atmosphère happe immanquablement le spectateur.

[le film de la semaine] Licorice Pizza: le film de 2022
© Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc.

Puisque l’on est chez PTA, l’aventure ne se conçoit pas sans quelques lumineuses excentricités, tandis qu’elle musarde dans l’imaginaire du cinéaste pour convoquer le souvenir décalé de William Holden (Sean Penn) ou celui de Jon Peters (Bradley Cooper), le producteur de Barbra Streisand, et, avec eux, quelque concentré hallucinant de fantasmes hollywoodiens. Arpentant un territoire tout personnel, le réalisateur en profite pour revisiter en creux sa filmographie, dont Licorice Pizza offrirait comme une synthèse inspirée, avec son personnage n’étant pas sans évoquer celui de Punch-Drunk Love, un soupçon de folie façon Inherent Viceet une relecture des lois de l’attraction à la manière de Phantom Thread. L’on est là en terrain inédit et familier à la fois, sentiment conforté par un impeccable duo de comédiens, les débutants Cooper Hoffman, digne rejeton de Philip Seymour Hoffman, et Alana Haim, du groupe Haim, qu’unit une stupéfiante alchimie. Le tout, ciselé par une caméra qui sinue avec virtuosité dans le passé comme pour mieux sourire à l’avenir. Licorice Pizza ressemble à une parenthèse bienveillante dans laquelle l’on aimerait pouvoir rester lové. On a beau n’être encore que le 5 janvier, pas besoin d’aller chercher plus loin le film de 2022.

De Paul Thomas Anderson. Avec Cooper Hoffman, Alana Haim, Bradley Cooper. 2 h 13. Sortie: 05/01.*****

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