Critique

Le film de la semaine: Jimmy’s Hall, humain et authentique

Simone Kirby y joue le rôle d'Oonagh © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME HISTORIQUE | Ken Loach s’inspire de faits réels pour ce film opposant un héros progressiste aux tenants de la tradition dans l’Irlande des années 30.

Son Irlande natale a bien changé quand Jimmy Gralton y revient, en 1932, après une dizaine d’années d’exil aux Etats-Unis. La guerre civile qui faisait rage n’est plus qu’un souvenir, un nouveau gouvernement est en place, qui promet des lendemains meilleurs. Jimmy a changé, lui aussi. Fidèle à ses origines, il n’en pas moins épousé certaines réalités de la culture nord-américaine, en tête desquelles le jazz. Du coup, quand des jeunes du Comté de Leitrim lui demandent de rouvrir pour eux le « Hall », un foyer de rencontre et de culture, de transmission, d’échange et de liberté, Jimmy va vouloir y transmettre notamment son amour pour cette musique noire américaine qu’il adore désormais. Et aussi quelques idées progressistes pas trop du goût, non plus, de l’Eglise et des notables de la région. Une audace inacceptable pour les tenants d’un ordre et d’une tradition qui ne sauraient se laisser bousculer, même sur un air de jazz, sans réagir avec force, voire avec violence…

Le diable, probablement

Ken Loach avait évoqué, de manière singulièrement prenante, la guerre d’indépendance irlandaise (1919-1921) et sa suite la guerre civile (1921-1922) dans The Wind That Shakes the Barley, en 2006. On retrouve dans Jimmy’s Hall le même art du débat idéologique pratiqué au plus près de l’humain, de cette réalité à laquelle le cinéma du vétéran britannique s’attache depuis ses origines. Les divisions politiques, sociales, culturelles, sont restées profondes dans l’Irlande que retrouve le héros du film. Les débuts de réhabilitation du « Hall » laissé à l’abandon se font certes dans un enthousiasme rendu communicatif par cet art qu’a Loach (romantique, assurément) de célébrer l’amitié, la solidarité. Mais cette belle aventure suscite très vite l’animosité de certains, en tête desquels un prêtre assimilant le jazz à une musique du diable et finissant par exiger de ses paroissiens qu’ils fassent leur choix entre le Christ et Gralton!Ecrit à partir de faits réels par Paul Laverty, complice au scénario de Loach, Jimmy’s Hall dépeint tout à la fois un monde conservateur figé ou presque, et annonce surtout un courant de liberté, de contestation, passant par le partage d’élans communs, artistiques notamment. Préfiguration, d’évidence, d’autres mouvements à venir dans les années 50 à 70, à l’échelle bien plus large d’une contre-culture portée par la jeunesse! Si le propos est par endroits quelque peu didactique, les vibrations humaines, authentiques, sont comme toujours captées par Loach avec une sobre générosité, qu’une mise en scène classique sert comme une évidence.

  • De Ken Loach. Avec Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott. 1h49. Sortie: 27/08.
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