Critique

[Le film de la semaine] El Clan, de Pablo Trapero

Peter Lanzani et Guillermo Francella dans El Clan de Pablo Trapero. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

THRILLER | Pablo Trapero, le réalisateur de Carancho, revient sur l’affaire Puccio, un fait divers ayant secoué l’Argentine des années 80, pour signer un thriller noir d’encre, questionnant l’histoire mais encore le silence…

On trouve, au coeur de El Clan, le nouveau film de Pablo Trapero, un fait divers ayant défrayé la chronique argentine dans les années 80, alors que le pays opérait la transition devant mener de la dictature à la démocratie. Soit l’histoire du clan Puccio, une famille bien sous tous rapports vivant dans un quartier résidentiel de Buenos Aires sous l’emprise d’Arquimedes, patriarche à la raideur souriante (impérial Guillermo Francella). Un homme qui, ayant longtemps servi les renseignements militaires mais se trouvant confronté à la perspective du « chômage technique », va décider de se recycler dans un business autrement plus lucratif, le kidnapping, entraînant dans l’affaire son fils Alejandro, star locale du rugby et, partant, individu au-dessus de tout soupçon, sa femme, chargée de l’intendance, et puis les autres, ne disant mot, mais consentant. Et d’enchaîner les enlèvements et bientôt les meurtres, en toute impunité et équanimité, la petite entreprise crapuleuse ne connaissant pas plus les états d’âme que la crise…

De Leonera à Carancho, Pablo Trapero s’est appuyé sur les formes du cinéma de genre pour explorer la chair de la société argentine. El Clan ne fait pas exception et adosse, entre mélodrame et thriller, cette histoire criminelle doublée d’une saga familiale à celle du pays, comme quelque prolongement de l’horreur ayant eu cours sous la dictature. Au passage, le réalisateur questionne la banalité du mal comme le silence assourdissant ayant entouré les agissements du clan Puccio, dépassant le cadre historique pour signer un film aussi affolant que glaçant. Le tout, suivant une narration éclatée portée par une mise en scène nerveuse et tendue, les accents grinçants et autres détours farcesques n’atténuant en rien une noirceur d’ensemble évoquant un Pablo Larrain qui aurait croisé la route de Martin Scorsese.

DE PABLO TRAPERO. AVEC GUILLERMO FRANCELLA, PETER LANZANI, LILI POPOVICH. 1H48. SORTIE: 23/03.

Dans le Focus de cette semaine, notre interview de Pablo Trapero.

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