Le film de la semaine: Calvary, film prodigue
DRAME | Le réalisateur anglo-irlandais de The Guard dézingue le cynisme ambiant dans un drame spirituel dark arrosé à l’acide. Alléluia!
Deux membres du personnel technique d’un aéroport perdu du nord de l’Irlande discutent sur la piste de décollage, l’un d’eux paresseusement avachi sur un cercueil sur le point d’être rapatrié: l’image résume à elle seule le regard, noir et désenchanté, porté sur une humanité résolument à la dérive par le réalisateur John Michael McDonagh. Dès 2011, celui-ci se signalait via un réjouissant premier film, The Guard, comédie dark et tragique qui mixait déjà humour au vitriol et considérations désillusionnées sur les êtres et le monde, tout en revendiquant haut et fort son ADN irlandais. Brendan Gleeson y excellait en flic alcoolo et solitaire porté sur les putes et les blagues racistes. Il sidère aujourd’hui en homme d’église solide comme un roc que la menace de mort adressée par une ouaille en confession va bientôt faire flancher. Commence alors un calvaire peu commun, un étrange chemin de croix d’une semaine qui, du dimanche au dimanche, va le conduire à faire face au mal profond qui gangrène la paroisse en déliquescence dont il a héritée, entre violence et luxure, ennui bourgeois et bêtise ordinaire.
Porté par une écriture pleine d’esprit, et un sens de la réplique qui fuse, Calvary n’épargne rien ni personne, dézinguant le cynisme ambiant comme la décadence morale de l’époque avec une verve tragi-comique arrosée à l’acide. Si les voies d’un hypothétique Seigneur semblent toujours plus impénétrables, celles empruntées par John Michael McDonagh afin de renouer avec le sens du sacré sont carrément revigorantes, même si sévèrement plombées. La messe est dite, rien ne va plus.
- De John Michael McDonagh. Avec Brendan Gleeson, Kelly Reilly, Chris O’Dowd. 1h44.Sortie: 01/10.
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