[Le film de la semaine] A Star Is Born, poussière d’étoiles qui bouleverse

© Clay Enos
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Quatrième version d’un classique hollywoodien, le nouveau A Star Is Born prend aux tripes et au coeur.

Dire qu’on espérait beaucoup de ce troisième remake du classique de William Wellman serait inexact. Réalisé par un Bradley Cooper dont c’est le tout premier film, joué par le même Cooper et l’improbable Lady Gaga, que pouvait ajouter le nouveau A Star Is Born au mélodrame musical écrit par Wellman et ses trois coscénaristes (dont Dorothy Parker) voici 80 ans? Un film couronné de deux Oscars (meilleure histoire originale et meilleure direction de la photographie) et qui avait déjà suscité deux autres versions, en 1954 (George Cukor) et 1976 (Frank Pierson). Qu’allait faire l’actrice inexpérimentée qu’est Lady Gaga dans un rôle joué avant elle par Janet Gaynor, Judy Garland et Barbra Streisand? Et Bradley Cooper pouvait-il remplir les chaussures grande pointure de Fredric March, James Mason et Kris Kristofferson, tout en se révélant à la hauteur derrière la caméra? Il suffit d’un petit quart d’heure pour comprendre que l’histoire de la chanteuse inconnue, repérée et aimée par un musicien star(1) qui la poussera dans la lumière avant d’en sortir lui-même, pouvait encore une fois nous bouleverser!

[Le film de la semaine] A Star Is Born, poussière d'étoiles qui bouleverse

Sincérité

Le personnage de Jackson Maine adopte le prénom du chanteur Jackson Browne et le nom du héros des deux premières versions. Dans sa peau, Bradley Cooper est crédible depuis le premier riff de guitare jusqu’à l’ultime regard posé sur la femme de sa vie. Il se révèle aussi réalisateur plus que compétent, jetant toutes ses forces dans la narration et non -comme tant d’autres néophytes- dans quelque effet de style. Son film prend vite aux tripes et au coeur, pour ne nous lâcher qu’à regret, puisqu’il faut bien finir et que la fin est triste. La belle surprise vient de Lady Gaga, qu’on avait déjà vue quelques fois au grand écran mais soit en caméo soit dans un tout petit rôle. La chanteuse prend vite et bien la mesure du personnage d’Ally. Son incarnation fait beaucoup pour le côté touchant d’un spectacle que Cooper alimente d’une intensité de jeu peu banale. Ni elle ni lui ne sont des interprètes flamboyants, follement extravertis. Et c’est cette modestie qui permet à une histoire somme toute en danger d’usure d’encore nous charmer, d’encore nous faire vibrer comme si elle naissait sous nos yeux.

Francis Coppola nous avait offert, en 1982, un film parmi ses plus intimement personnels, qu’il avait intitulé One from the Heart. Une histoire d’amour triste avec un titre qu’aurait pu employer Bradley Cooper, tant son propre film vient aussi tout droit du coeur. Un coeur battant sous la machinerie hollywoodienne et les clichés d’un showbiz épinglé sans malice par certaines séquences. Tout, dans A Star Is Born, nous ramène à l’humain.  » Si tu n’es pas sincère, si tu ne te donnes pas à fond, n’espère pas émouvoir les autres« , dit à peu près Jackson Maine à celle qu’il veut voir s’épanouir devant le public. Le film applique ce conseil à chaque instant, balayant ses quelques défauts d’un souffle chaleureux, d’une sincérité propre à emporter toutes les réticences.

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A Star Is Born

De Bradley Cooper. Avec Lady Gaga, Bradley Cooper, Sam Elliott. 2 h 15. Sortie: 03/10. ****

(1) Un comédien dans la version de 1954.

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