La méthode Kechiche sur Vénus noire? « Improvisation totale! »

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Abdellatif Kechiche, qui a sorti sa « Vénus noire » sur nos écrans ce mercredi, tient sa méthode pour élaborer ses réalisations: les plateaux sont des espaces de création, pas d’exécution. Et donc les acteurs sont absolument livrés à eux-mêmes. Pour Olivier Gourmet, « c’était l’enfer ».

S’il y a, dans ses films, de fréquentes montées de tension purement organiques, c’est sans doute parce que Abdellatif Kechiche veille à faire de ses plateaux des espaces de création plutôt que de simple exécution, avec notamment un large recours à la recherche et l’improvisation.

Ainsi, pour Vénus noire, des scènes tournées dans les salons libertins: « C’était l’enfer, parce que c’était de l’improvisation totale », se souvient Olivier Gourmet. « Pour le second salon, il y avait un canevas, où Réaux entrait avec Saartjie en la tenant attachée, mais au-delà de « Mesdames et Messieurs, voici la Vénus hottentote », il n’y avait plus rien d’écrit. » Et les acteurs de se jeter à l’eau: « Heureusement, on a tourné en cinq nuits. Il fallait nous dompter entre nous, Yahima et moi, et qu’elle ait confiance en moi. Abdel a compris tout cela, et nous a laissé beaucoup de temps ».

Quant au tournage, il s’est fait à l’aide de trois caméras HD enchaînant sans discontinuer les sessions de 50 minutes, soit la durée d’une cassette. « Les trois caméras bougent, filment comme un reportage de guerre, sans que l’on sache jamais si elles sont sur nous. C’est terriblement éprouvant, mais cela s’affine aussi au fil des nuits: il y a l’acquis, le vécu des nuits précédentes qui est inscrit. Et il y a autre chose qui naît, qui est de l’ordre de la transe, due à la fatigue et au relâchement de l’esprit et du corps… »

Avec un effet proprement saisissant à l’écran…

J.-F.Pl.

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