La gazette de la quarantaine: le meilleur de Ghibli à revoir sur Netflix

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Créé par les maîtres nippons Hayao Miyazaki et Isao Takahata au mitan des années 80, le studio Ghibli a révolutionné l’animation. Échantillon d’une production à redécouvrir sans modération sur Netflix.

Le Château dans le ciel

D’Hayao Miyazaki, 1986.

Du propre aveu d’Hayao Miyazaki, Le Château dans le ciel est celui de ses films qu’il préfère. Sorti en 1986 au Japon, il s’agit aussi de la première production à afficher le label Ghibli, du nom du studio que le réalisateur avait créé un an plus tôt avec Isao Takahata. Inspiré notamment des Voyages de Gulliver, de Jonathan Swift, le film déploie son imaginaire fantastique sur les traces de deux enfants, Pazu et Sheeta, cette dernière étant dépositaire du secret de Laputa, île volante mythique que permettrait de rejoindre une pierre en sa possession, convoitée tant par les pirates du clan Dora que par une armée conduite par l’avide Muska. L’inventivité de Miyazaki semble ne pas connaître de limites dans ce film d’aventures trépidant où action et poésie se répondent en un tout harmonieux, assorti d’une réflexion humaniste et écologiste, où il est question aussi bien des effets corrupteurs du pouvoir que de ceux, dévastateurs, de la cupidité des hommes sur la nature. Un pur chef-d’oeuvre.

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Kiki la petite sorcière

D’Hayao Miyazaki, 1989.

Plus modeste dans ses ambitions, Kiki la petite sorcière, adapté par Miyazaki d’un livre pour enfants d’Eiko Kadono, ne s’en avère pas moins aussi savoureux que finement observé. Sans même parler de la qualité de son animation, traditionnelle pour le coup, et proprement soufflante par endroits -dans les scènes aériennes en particulier. Soit l’histoire de Kiki, une jeune fille qui, le soir de ses treize ans, part, flanquée de son chat Jiji et armée de son seul balai, terminer son écolage de sorcière. Et d’atterrir dans une ville à l’architecture d’inspiration européenne où, accueillie par une boulangère attentionnée, elle va lancer, forte de sa capacité à voler, un service de livraison rapide par les airs. L’univers de Miyazaki se décline largement au féminin, et Kiki est assurément une de ses héroïnes les plus attachantes, dont la quête d’indépendance et les aventures combinent merveilleux et quotidien, pour un récit d’apprentissage revisitant la préadolescence avec lucidité et douceur.

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Mes voisins les Yamada

D’Isao Takahata, 1999.

Auteur, précédemment, de l’inestimable Tombeau des lucioles, Isao Takahata se lance, à la fin des années 90, dans l’adaptation du manga Mes voisins les Yamada, de Hisaichi Ishii. Articulée en une succession de sketches, cette comédie accompagne le quotidien d’une famille nipponne, les Yamada, à savoir Shige, la grand-mère, Takashi et Matsuko, les parents, Noboru, le fils adolescent, et Nonoko, la fillette, évoluant sous le regard dubitatif du chien Pochi. Soit, portée par un trait léger et minimaliste, et rythmée par les haïkus du poète Bashô, une chronique pleine d’humour et d’esprit, porteuse d’une réflexion amusée et aiguisée sur la famille et la société japonaises contemporaines. Incidemment, Mes voisins les Yamada est aussi la première oeuvre des studios Ghibli entièrement animée et peinte à l’ordinateur, avec pour résultat un rendu proche de l’aquarelle avec lequel Takahata renouera pour l’étincelant Conte de la princesse Kaguya, son dernier film.

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Le Voyage de Chihiro (Spirited Away)

D’Hayao Miyazaki, 2001.

Le Château dans le ciel, Princesse Mononoke, Ponyo, Le vent se lève…: si les classiques abondent dans la filmographie d’Hayao Miyazaki, Le Voyage de Chihiro est sans conteste son oeuvre maîtresse, l’imaginaire foisonnant de l’artiste trouvant là un écrin d’une absolue beauté. Soit l’histoire de Chihiro, gamine capricieuse de dix ans s’apprêtant à s’installer avec ses parents dans sa nouvelle demeure, moment où ils sont attirés, au détour d’un chemin, par une étrange ville fantôme. Un monde parallèle s’ouvre bientôt à eux, où ses parents, après s’être goinfrés de mets succulents, se voient transformés en cochons, laissant la fillette désemparée, seule face à un univers merveilleux et inquiétant dont Haku, un énigmatique garçon, va lui livrer certaines clés. Évoquant Alice au pays des merveilles, la traversée du miroir de Chihiro adopte des contours non moins stimulants. L’art de Miyazaki est à son sommet dans ce récit d’apprentissage doublé d’un conte philosophique suscitant un émerveillement permanent..

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Arrietty

D’Hiromasa Yonebayashi, 2010.

Si Miyasaki et Takahata se sont longtemps partagé la quasi-totalité des longs métrages Ghibli, une nouvelle génération a émergé à compter des années 2000, celle des Goro Miyazaki et autre Hiromasa Yonebayashi (parti depuis rejoindre le studio Ponoc). Librement inspiré de l’oeuvre de Mary Norton, Arrietty, premier long métrage de Yonebayashi, met en scène une famille de minuscules êtres à l’apparence humaine, les Chapardeurs, installés sous les planchers d’une maison de la banlieue de Tokyo. Et veillant à ne pas se faire remarquer des hommes, sous peine de devoir chercher un nouveau refuge. Ordre que la rencontre entre Arrietty, une petite Chapardeuse intrépide, et Shô, un jeune garçon venu se reposer à la veille d’une opération, va venir bousculer. Oscillant avec bonheur entre deux mondes, le film, destiné au jeune public, s’inscrit résolument dans la tradition maison, tant sur le plan esthétique que par la conscience écologique animant les aventures haletantes de sa petite héroïne. Enchanteur.

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