Critique

La Bataille de Solférino

La Bataille de Solférino © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | L’intime et le collectif s’épousent de manière épatante dans un premier film au ton neuf et roboratif.

Le dimanche 6 mai 2012 restera dans l’Histoire de France comme la date de l’élection de François Hollande à la présidence de la République. Pour Laetitia, journaliste d’une chaîne télé d’information continue envoyée couvrir les événements devant le siège du Parti Socialiste rue de Solférino, cela restera une journée… compliquée. Car ce matin-là, son « ex » et papa de ses deux filles s’est pointé en bas de son immeuble pour exercer un droit de visite qui tombe on ne peut plus mal. Obligée d’aller travailler, la jeune femme confie les gamines à un baby-sitter, bien prévenu de ne pas ouvrir au père qui insiste et devient carrément hystérique. Entre ses directs en pleine foule de militants et ses inquiétudes (en partie justifiée) vis-à-vis de ses enfants et de leur géniteur un peu branque, la journée de Laetitia s’annonce mouvementée. Elle le sera au-delà de toute imagination!

A la vie!

Justine Triet réussit avec La Bataille de Solférino un premier film formidable, conjuguant de vive et passionnante façon l’intime et le collectif. Son moyen métrage, Vilaine fille, mauvais garçon, avait annoncé la couleur d’un cinéma ancré dans le réel (Triet vient du documentaire) mais largement ouvert au souffle fictionnel.

Le mélange du comique et du dramatique trouve chez elle une incarnation libre et bouillonnante d’énergie. On rit beaucoup, on s’angoisse un peu, on vibre énormément, aux mésaventures de Laetitia (épatante Laetitia Dosch) et à celles de son « ex » excessif (dingue et attachant Vincent Macaigne). La Bataille de Solférino inscrit une scène de ménage à rebondissements dans le décor authentique et en mouvement de la grande Histoire, laquelle se voit rendue à sa dimension humaine.

Quel dynamisme, quelle vigueur d’écriture, dans ce premier long métrage! Quel plaisir pris à s’y jeter comme dans un merveilleux, un douloureux, un si juste et si révélateur chaos familial et social. Le film de Justine Triet fait souffler un vent de renouveau dans un cinéma français en voie d’assagissement, et en proie aux formules. Il échappe même aux conventions désormais bien connues, et trop souvent reproduites de paresseuse manière, du faux documentaire et de la docu-fiction. La jeune réalisatrice filme debout, avec la fougue de la jeunesse (elle a 35 ans), mais aussi avec style. Un style qui ne cherche pas sa vérité dans une imagerie contrôlée, appliquée, mais tout au contraire dans ce mouvement permanent, si riche et perturbant, qu’est la vie!

  • Comédie dramatique de Justine Triet. Avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, Arthur Harari. 1h34. Sortie: 09/10.
L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content