Kirk Douglas: portrait d’un artiste hors norme

PATHS OF GLORY (1957). Les fusillés "pour l'exemple" de la Première Guerre mondiale inspirent ce coup de force antimilitariste de Stanley Kubrick, où Douglas joue les officiers révoltés. Les deux hommes se retrouveront trois ans plus tard pour l'emblématique Spartacus. © GETTY IMAGES
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Kirk Douglas, l’éternel rebelle, est mort mercredi à l’âge de 103 ans. Il laisse derrière lui plus de 80 films et une aura sans équivalent.

Article initialement paru dans le Focus du 16/12/2016 à l’occasion des 100 ans de Kirk Douglas.

« Je trace ma propre route. Personne n’est mon patron. Personne n’a jamais été mon patron. » La citation exprime bien la volonté d’indépendance de Kirk Douglas, sa détermination à franchir les obstacles, à forcer le destin, en défiant les conventions, et aussi les pouvoirs. Fils d’émigrants juifs venus de l’actuelle Biélorussie, Issur Danielovitch Demsky prit au tournant des années 30 et 40 le pseudonyme sous lequel il allait triompher dans les années 50, se hissant au firmament des plus grandes stars. Son pouvoir, Kirk Douglas allait l’employer pour défier les tabous (n’hésitant pas à jouer des personnages négatifs), combattre l’injustice (en l’occurrence, celle du maccarthysme et de sa liste noire, en confiant le scénario de Spartacus à l’exclu Dalton Trumbo) et nourrir des idées progressistes (comme dans l’antimilitariste Paths of Glory).

On ne compte pas les classiques où il a brillé, du film noir (Out of the Past, Ace in the Hole) au film d’aventures (The Vikings, 20.000 Leagues Under the Sea) en passant par le western (The Big Sky, Man Without a Star, Gunfight at the O.K. Corral, El Perdido, There Was a Crooked Man), le drame (The Bad and the Beautiful, The Arrangement) et le film historique (Paths of Glory, Spartacus). Ce grand séducteur épousa une Belge (Anne Buydens), eut quatre fils, dont Michael, qui devint lui aussi star de cinéma. Après deux décennies au top, il connut dans les années 70 un déclin qu’il ne tenta pas vraiment de nier, s’effaçant petit à petit et se consacrant à sa famille et à sa fondation (The Douglas Foundation) pour les enfants défavorisés. Jamais revenu sur ses idées de gauche, il a récemment comparé Donald Trump à… Hitler, dans une tribune publiée par le Huffington Post!

ACE IN THE HOLE (1951). Dans ce suspense noirissime, amer, violent, de Billy Wilder, Kirk Douglas campe un reporter cynique, retardant les secour s pour tirer profit d'un accident dans une mine. Le rôle le plus antipathique de sa carrière. Echec commercial mais film et performance d'anthologie!
ACE IN THE HOLE (1951). Dans ce suspense noirissime, amer, violent, de Billy Wilder, Kirk Douglas campe un reporter cynique, retardant les secour s pour tirer profit d’un accident dans une mine. Le rôle le plus antipathique de sa carrière. Echec commercial mais film et performance d’anthologie! © GETTY IMAGES
THE BAD AND THE BEAUTIFUL (1952).
THE BAD AND THE BEAUTIFUL (1952). « Un salaud magnifique! » Tel est Jonathan Shields, producteur déchu demandant l’aide d’un réalisateur, d’un scénariste et d’une actrice qu’il a « faits » tout en se conduisant mal avec eux. La prestation est superbe, le portrait lucide de Hollywood est signé Vincente Minnelli, qui dirigera bientôt Kirk dans le rôle de Vincent Van Gogh. © GETTY IMAGES
THE VIKINGS (1958). Un chef-d'oeuvre du film d'aventures, situant au Xe siècle la confrontation de deux guerriers. Face à Tony Curtis, un Kirk belliqueux et borgne exprime à merveille sa combinaison à peu près unique d'impact physique et de complexité de jeu.
THE VIKINGS (1958). Un chef-d’oeuvre du film d’aventures, situant au Xe siècle la confrontation de deux guerriers. Face à Tony Curtis, un Kirk belliqueux et borgne exprime à merveille sa combinaison à peu près unique d’impact physique et de complexité de jeu. © GETTY IMAGES

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