« Illusions perdues » triomphe aux César
« Illusions perdues », adaptation du grand roman de Balzac sur la presse et ses dérives, signée Xavier Giannoli, a triomphé vendredi lors d’une cérémonie des César qui se voulait sobre et sans surprise, sur fond de guerre en Ukraine.
Le long métrage, qui partait grand favori, a remporté sept statuettes, dont celle du meilleur film. Et vaut un César du meilleur espoir masculin à Benjamin Voisin, 25 ans, qui interprète l’ambitieux idéaliste Lucien de Rubempré, jeté dans le grand bain des ambitions parisiennes.
Egalement à l’affiche du film, les actrices belges Cécile de France (second rôle féminin) et Salomé Dewaels (Meilleur espoir féminin) n’ont de leur côté pas été récompensées.
En sacrant « Illusions perdues », les César, parfois critiqués pour leur nombrilisme ou leur déconnexion, font triompher l’un des rares films français post-confinement à avoir conjugué succès populaires (plus de 870.000 entrées) et ambition artistique.
Le réalisateur, Xavier Giannoli, qui succède à Albert Dupontel couronné l’an dernier pour « Adieu les Cons », n’est, comme ce dernier, pas venu chercher son prix. C’est « un artiste indépendant », a simplement commenté son co-scénariste Jacques Fieschi, interrogé par l’AFP.
Egalement absent, l’autre grand gagnant est Leos Carax, avec son opéra-rock « Annette » (cinq statuettes). Le réalisateur de 61 ans est le premier à réaliser le doublé César de la meilleure réalisation et Prix de la mise en scène à Cannes, où son film était projeté en ouverture du dernier festival.
Thomas Gauder (mixeur) et Paul Heymans (monteur son), deux Belges qui ont travaillé sur le projet, ont raflé, avec le reste de l’équipe, le César du Meilleur son.
Quant à l’acteur star d' »Annette », l’Américain Adam Driver, nommé dans la catégorie du meilleur acteur, il était lui présent, mais est reparti bredouille, snobé par les votants de l’Académie qui lui ont préféré Benoît Magimel.
L’acteur, talent précoce dont la vie et la carrière ont ensuite fait les montagnes russes, est récompensé à 47 ans pour son rôle de malade du cancer en fin de vie dans « De son vivant » d’Emmanuelle Bercot. Du côté de la meilleure actrice, les César ont rendu justice à Valérie Lemercier, pour « Aline », vrai-faux biopic qu’elle a consacré à la star internationale de la chanson Céline Dion. Elle était notamment nommée face à Virginie Efira (Benedetta).
C’est finalement une non-professionnelle qui a apporté une touche de fraîcheur à la soirée, lorsqu’Aïssatou Diallo Sagna, sage-femme dans le civil, a reçu son César du meilleur second rôle pour « La Fracture », un film sur la France des gilets jaunes où elle joue son propre rôle.
Quant à « Maalbeek » du réalisateur français Ismael Joffroy Chandoutis, il a reçu vendredi soir le César du Meilleur court-métrage documentaire. Son documentaire se penche sur une rescapée amnésique de l’attentat à la station de métro Maelbeek, le 22 mars 2016.
Autre touche belge: Christophe Beaucarne est reparti avec le César de Meilleure photo pour son travail sur le film « Illusions perdues », adaptation par Xavier Giannoli d’un roman d’Honoré de Balzac, qui s’ancre dans la France du 19e siècle.
Sage-femme et « Wonder Woman »
Marqués par les scandales et les flops, les César étaient attendus au tournant.
La cérémonie s’est déroulée sans éclat ou incident majeur (mis à part une brève incursion de l’humoriste Marie, qui a levé sa jupe et lancé « Bonsoir, voici mon cul! Joyeux hommage à la cul-ture »), mais sans jamais vraiment décoller. Les audiences, samedi, diront si la formule a convaincu.
Il faut dire que le coeur n’était pas vraiment à la fête, alors que la guerre était dans toutes les têtes, comme l’ont rappelé nombre de stars montées sur scène, dont l’Australienne Cate Blanchett qui a reçu une longue ovation et un César d’honneur: « Difficile de penser à autre chose qu’à l’Ukraine » a-t-elle reconnu.
De nombreux hommages ont été rendus aux disparus, dont Gaspard Ulliel, mort il y a un mois, à 37 ans, dans un accident de ski, et Jean-Paul Belmondo.
D’entrée de jeu, le maître de cérémonie Antoine de Caunes avait promis que les César se gardaient de « donner des leçons »: « On va rire, on va être émus, l’essence de notre métier c’est continuer quoi qu’il arrive, même si le monde s’effondre », a ajouté ce vieux routier de l’exercice.
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