Critique

Haywire

ACTION/ESPIONNAGE | Steven Soderbergh se lâche dans un thriller d’espionnage où brille une star des sports de combat.

HAYWIRE, FILM D’ACTION/ESPIONNAGE DE STEVEN SODERBERGH. AVEC GINA CARANO, MICHAEL FASSBENDER, CHANNING TATUM. 1H33. SORTIE: 11/04. ***

Espion et trahison riment volontiers au cinéma comme dans les romans du genre. La saga de Jason Bourne est l’illustration presque parfaite de ce sujet qui voit un agent secret frappé dans le dos par ses pairs, sa hiérarchie, et se trouve contraint dès lors à les combattre pour survivre. Mallory Kane, l’héroïne de Haywire, fait face à cette pénible situation quand la mission qui lui a été confiée tourne au fiasco. Barcelone est le théâtre du ratage, et de la prise de conscience, pour une professionnelle aguerrie, que le choc de se découvrir trahie va mettre en colère, très en colère même…

De Steven Soderbergh, on peut attendre tout, ou presque. Le prolifique et très talentueux cinéaste américain aime alterner projets « pointus » et films de genre plus commerciaux. Sa dernière réalisation en date, présentée hors compétition au Festival de Berlin, appartient à la seconde catégorie, et a la particularité d’oser mettre en tête d’affiche une interprète sans véritable expérience cinématographique. Gina Carano (voir notre encadré) était déjà une vedette, mais dans le domaine sportif. Soderbergh a pourtant vu juste en lui offrant le rôle de Mallory Kane, face à des partenaires aussi solides que Michael Fassbender, Ewan McGregor, Antonio Banderas, Bill Paxton et Michael Douglas. Un pari osé, mais réussi, le charisme de la jeune néophyte manquant de peu d’égaler ses qualités athlétiques. La Carano s’impose aisément dans son rôle de tueuse experte, pareille à une arme fatale soudainement retournée contre l’utilisateur qui a très imprudemment voulu s’en débarrasser.

Derrière la caméra, c’est d’efficacité, mais aussi de style, dont il est question avec une mise en scène jouant des attentes du film d’arts martiaux et du thriller d’espionnage avec un plaisir très communicatif. Nous ne sommes pas loin, parfois, du pur exercice formel. Mais un brillant Soderbergh peut toujours compter sur sa principale interprète, ou quelque partenaire, pour redonner chair à une intrigue qui file à 200 à l’heure. On savoure aussi, en plus des scènes de confrontation solidement troussées, les traits d’humour noir et ironique dont on sait le réalisateur friand, et qui offrent au spectateur une belle quantité de petits plaisirs coupables. Une approche sans fard, jouant la carte du genre avec malice et créativité, un peu comme le fait par ailleurs (et dans un style visuel différent) Quentin Tarantino, lui aussi très amateur de spectacles mettant en vedette des créatures à la fois belles, rebelles et létales.

Louis Danvers

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La surprise Gina Carano

Soderbergh a surpris en pariant sur cette sportive de haut niveau. Gina Carano est restée invaincue et (très) haut placée dans la hiérarchie mondiale féminine en arts martiaux mixtes, avant de s’illustrer dans le programme de téléréalité American Gladiators. Le tout en s’exposant aussi en modèle (très) apprécié des magazines de fitness. La Texane de presque 30 ans (elle les aura ce 16 avril) avait déjà flirté avec le grand écran dans Blood And Bone, un film d’arts martiaux tourné en 2009. Haywire marque son premier grand rôle au cinéma.

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