Godard, films cultissimes

© EPA

Dimanche soir, la Cinematek projettera le dernier long métrage de Jean-Luc Godard : « Film Socialisme ». L’occasion de goûter à l’un des plus grands artistes du XXème siècle.

Bien sûr – je vous entends déjà – dimanche, nous sommes le 11 juillet. Et le 11 juillet, c’est la finale de la Coupe du monde. Pas un jour à se taper du Godard ! Et puis, me direz-vous, Godard ce n’est que du cinéma pour intellos (à la rigueur pour intellos branchés), et en plus le meilleur de son oeuvre est maintenant forcément derrière lui. Pire, en fait vous ne le connaissez même pas.

Ce n’est rien. Bien que la tâche soit délicate, nous allons essayer de vous montrer qu’un film de Jean-Luc Godard est aussi stimulant que le match de football le plus important de l’année. Et même si vous n’allez pas au cinéma dimanche, et préférez 1h30 de vuvuzela, peut-être au moins regretterez-vous d’avoir choisi le foot après avoir lu ceci. Qui sait…

Film Socialisme

Dimanche soir, c’est donc le dernier long métrage du réalisateur qui sera projeté : Film Socialisme. Avec ce film, Godard nous plonge dans une oeuvre en trois parties. Tout d’abord, une croisière en méditerranée sur un paquebot. Les images s’enchainent à toute vitesse, tout semble éphémère. Ces images proviennent parfois d’anonymes, de la télévision ou encore d’autres films. On suit ensuite, le temps d’une nuit, une fille et son petit frère qui demandent des comptes sur la liberté, l’égalité et la fraternité devant un tribunal. Enfin, le cinéaste nous fait visiter six lieux : Egypte, Palestine, Odessa, Hellas, Naples et Barcelone.

Film Socialisme est un travail et un questionnement contemporain sur les images. Godard joue sur leur nature, leur utilisation et en bombarde le film. C’est également une réflexion sur notre civilisation, et notamment l’Europe. L’écho à la crise actuelle (et aux « problèmes de type grec » comme dit Godard) ajoute encore une touche contemporaine au film.

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Premier argument : « Film Socialisme », c’est beau et intelligent. Et vous n’aurez pas dix occasions de le voir au cinéma, puisqu’il n’y a qu’une séance (Dimanche à la Cinematek donc).

Nouvelle vague

Si avec Film Socialisme Godard revient quelque peu vers la fiction (surtout dans la deuxième partie), on n’est plus du tout dans le registre romanesque de ses premiers films.

Le mythe Godard commence en fait avec A Bout de Souffle, sorti en 1960, qui changera les codes cinématographiques de l’époque. Le réalisateur filme la vie, le mouvement, utilise des faux-raccords, passe du coq à l’âne,… On parle de « Nouvelle Vague ».

Trois films majeurs illustrent le cinéma « Nouvelle Vague » de Jean-Luc Godard. Chacun d’entre eux est animé par un couple d’acteurs/héros mythiques. Il y a A Bout de Souffle, le manifeste (Jean Seberg – Jean-Paul Belmondo, 1960) ; Le Mépris, le classique (Brigitte Bardot – Michel Piccoli, 1963) ; et Pierrot le Fou, le chef-d’oeuvre (Jean-Paul Belmondo – Anna Karina, 1965).

Plusieurs scènes tirées de ces films sont devenues littéralement cultes. Aujourd’hui encore plusieurs cinéastes tirent leurs influences de ce cinéma comme Christophe Honoré ou Xavier Dolan. Même Martin Scorsese cite Jean-Luc Godard.

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Anna Karina et Jean-Paul Belmondo dans « Pierrot le Fou ». Scène culte on vous dit.

Deuxième argument : Avec ses films « Nouvelle Vague », Godard a réalisé des oeuvres intemporelles et indiscutablement gravées dans l’histoire du cinéma.

L’engagement

Dans la deuxième moitié des années soixante, la France s’ennuie, la France descend dans la rue, la France lance des pavés,… Mai 68 est en chantier. Et Godard se dirige vers un cinéma plus engagé. En 1967, sort La Chinoise, dans lequel il est question de militants maoïstes et de révolution. Un film résolument politique donc. Pendant les évènements de mai 68, Godard soutiendra notamment Henri Langlois (fondateur de la cinémathèque française), démis de ses fonctions par le gouvernement. Il créera aussi la sensation à Cannes, en compagnie de Truffaut et Berri, en demandant d’arrêter le festival pour montrer sa solidarité avec les étudiants et les ouvriers (voir vidéo).

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En 1974, le cinéaste évoque la situation au Proche-Orient avec Ici et Ailleurs. Il s’agit de rushes d’un film inachevé sur la résistance palestinienne, tourné quatre ans auparavant sous l’égide du groupe Dzoga Vertov. Godard les réutilise pour en faire un long métrage.

Le cinéma de Godard prend donc un ton militant qui participe à faire de son oeuvre une matière complexe et complète.

Troisième argument : faire arrêter le festival de Cannes pour soutenir les étudiants et ouvriers, franchement c’est classe.

Le cinéma

Pour compléter le tableau, il faut encore parler de cinéma. Ce que Godard a largement fait. Et sa grande oeuvre en la matière est très certainement Histoire(s) du cinéma. Travail de montage d’archives visuelles et sonores titanesque. Le projet a pour ambition de montrer en vidéo l’histoire du cinéma et celle du XXème siècle. Le réalisateur y insère extraits de films, reproductions de tableaux et photos, ainsi que des citations littéraires et musicales. Histoire(s) du cinéma propose une véritable réflexion sur l’utilisation de l’image et sur le cinéma.

Godard aura donc été un artiste complet. Il a touché à la fiction, à l’engagement politique, ainsi qu’à la théorie, au sein d’une oeuvre qui aura marqué son époque. Il est une icône que l’on se doit d’approcher, par le biais de ses films, si l’on aime le septième art.

Dans Le Mépris, le personnage incarné par Brigitte Bardot demandait à son compagnon « Qu’est-ce que tu préfères? Mes seins ou la pointe de mes seins?« . Dilemme. Près de cinquante ans plus tard on vous demande si vous préférez le football ou Godard. Tout aussi incertain. A vous de faire le bon choix… ou de ne pas le faire. De toute façon, sachez que vous raterez quelque chose.

Film Socialisme, Jean-Luc Godard. Le 11 juillet, 21h, à la Cinematek (Bruxelles).

Maxime Morsa (stg)

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