Ghibli, un studio en veilleuse

Le vent se lève de Hayao Miyazaki © Studio Ghibli
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

L’heure de la retraite a sonné pour Hayao Miyazaki et son compère Isao Takahata, deux figures du studio d’animation japonais. Mais si les maîtres nippons tirent leur révérence, cinéma et maturité ont rarement fait aussi bon ménage…

Initiée il y a tout juste 30 ans par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, l’aventure du studio japonais Ghibli devait révolutionner le monde de l’animation, chaque nouveau film de la firme au Totoro se révélant un émerveillement. Ainsi, au fil des ans, du Tombeau des lucioles, de Princesse Mononoké, du Voyage de Chihiro ou encore, plus près de nous, de Ponyo sur la falaise, autant d’oeuvres défrichant des territoires enchanteurs comme insoupçonnés, non sans témoigner d’une maîtrise proprement exceptionnelle.

Avec la promesse des sorties du Vent se lève, dernier opus de Miyazaki, suivi du Conte de la princesse Kaguya, premier long- métrage de Isao Takahata depuis Mes voisins les Yamada, quinze ans plus tôt, 2013-2014 devait être un millésime d’exception. Une perspective confortée à la découverte des deux films, de purs joyaux animés, mais aussitôt assombrie par l’annonce du départ à la retraite de Miyazaki, 73 ans, bientôt imité, officieusement tout au moins, par Takahata, de six ans son aîné il est vrai. De quoi, en tout état de cause, faire planer une incertitude sur l’avenir créatif de la maison Ghibli, à qui l’on prête l’intention de cesser la production de longs-métrages. Un séisme que les résultats médiocres au Japon de Souvenirs de Marnie, de Hirosama Yonebayashi, le réalisateur de Arrietty, n’ont rien fait pour repousser…

Les seniors sont tendance

Curieusement, tandis que les maîtres nippons tirent leur révérence, cinéma et maturité ont rarement paru faire aussi bon ménage. Côté réalisateurs, 2014 aura vu Martin Scorsese, 72 printemps, s’offrir un bain de jouvence avec The Wolf of Wall Street, ou un Volker Schlöndorff (75 ans) fort inspiré signer un Diplomatie finaud. Et l’on ne mentionne que pour la forme les Woody Allen et autre Clint Eastwood, maintenant un rythme de production annuel (American Sniper, le nouveau film du second, est attendu le 21 janvier, une semaine après celui d’un autre fringant octogénaire, le Queen and Country de John Boorman). A rebours du jeunisme ambiant, la situation est comparable sur les écrans, où l’année a débuté en compagnie de Dame Judy Dench dans Philomena pour s’achever sur Dame Maggie Smith dans My Old Lady. Non sans avoir convié entre-temps à la fête Michel Piccoli dans Le Goût des myrtilles, ou le Bruce Dern de Nebraska, bientôt rejoints par divers couples éprouvant, chacun à sa façon et à un âge respectable, le vertige de l’amour, de A Week-end in Paris à Love is Strange, et même, en mode mineur et cabot, And So It Goes. Au diapason des courbes démographiques, les seniors sont donc tendance; ce n’est pas Richard Gere qui nous démentira lui qui, signe du temps qui passe, a rejoint la distribution de TheSecond Best Exotic Marigold Hotel

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