Festival de Deauville: Mélanie Laurent joue à True Detective, Ted Kennedy sort de l’ombre et Darwin se dérobe

American Animals de Bart Layton © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Entre invités prestige, projos d’envergure et lancement de la compétition officielle, premier week-end dense et plutôt intéressant du côté de la 44e édition du Festival du Cinéma américain de Deauville.

L’actrice-réalisatrice-pianiste-chanteuse-activiste-égocentriste (aucune mention inutile à biffer) Mélanie Laurent s’est offert son rêve américain en portant à l’écran le premier roman de Nic Pizzolatto, le créateur de la série True Detective. Emmené par le tandem Ben Foster-Elle Fanning, Galveston, présenté en première deauvillaise samedi soir, situe son action au Texas à la fin des années 80, théâtre de la cavale romantico-poisseuse d’un gangster à la petite semaine rongé par la maladie et d’une jeune prostituée flanquée de sa soi-disant petite soeur (alors comme ça c’est en fait sa fille, vraiment?) qui, bien sûr, « n’a jamais vu l’océan« . Énième plongée roots dans l’Amérique profonde des motels et des bleds désolés, le film respecte les codes du polar jusqu’à les caricaturer, quand il ne singe pas carrément l’hallucinant plan-séquence final de l’épisode 4 de la première saison de True Detective. Arrosant d’une musique « rêveuse » un poil appuyée son improbable famille recomposée baignée d’une lumière couleur miel, la Française Mélanie Laurent n’a clairement pas grand-chose à raconter. Elle n’en décroche pas moins son passeport de cinéaste internationale, Galveston dénotant une maîtrise esthétique et technique pour ainsi dire sans faille.

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Forme classiquement banale et fond interpellant: Chappaquiddick de John Curran présentait les qualités exactement inverses la veille au soir en ouverture du festival. Drame aux résonances sociétales on ne peut plus actuelles, le long métrage cueille le sénateur Ted Kennedy (l’Australien Jason Clarke, toujours impeccable) en pleine ascension politique à l’été 1969, alors même que Neil Armstrong s’apprête à poser le pied sur la Lune. C’est aux enfers que s’apprête pourtant à dégringoler le fils cadet d’un clan singulièrement abonné à la tragédie, le titre du film renvoyant à l’emplacement du fait divers bien réel l’ayant impliqué dans les jours qui ont suivi -une coupable sortie de route où sa jeune directrice de campagne finira morte noyée. Doit-il se dénoncer? Ou étouffer l’affaire au nom de l’idéal démocrate dont il est alors la figure de proue? Dans sa version française, Chappaquiddick se nomme Le Secret des Kennedy: il pourrait tout aussi bien s’appeler L’Ombre des Kennedy, tant il fait le portrait d’un homme éteint, écrasé par le poids de son propre nom. Une consistante politique-fiction qui renvoie une image peu amène du pouvoir et de ses arcanes en agitant le spectre mensonger de la communication à grande échelle.

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Mais la meilleure surprise de ce premier week-end de festival est venue de la compétition officielle, qui fait la part belle aux premières et deuxièmes oeuvres des jeunes pousses du cinéma indépendant américain. Dans American Animals, Bart Layton (le documentaire The Imposter sur l’usurpateur d’identités Frédéric Bourdin) s’intéresse en véritable petit laborantin du 7e art à l’histoire vraie de quatre étudiants lancés dans le projet un peu fou de l’un des vols les plus audacieux d’oeuvres d’art de l’Histoire des États-Unis -dont un exemplaire de L’Origine des espèces de Charles Darwin, qui permet à Layton de filer la métaphore évolutive et animale avec une certaine réussite. Mêlant fiction pure et témoignages -voire même interventions directes dans l’action- des initiateurs bien réels du vol aujourd’hui devenus adultes, le film entend dépoussiérer la manière de porter des histoires vraies à l’écran. En résulte un percutant hybride de films de casse où les (anti-)héros se croient dans Ocean’s Eleven quand ils sont au fond plutôt occupés à rejouer Dog Day Afternoon en mode losers à peine pubères. Un chouïa moins original qu’il ne voudrait bien le faire croire, American Animals s’essouffle un peu sur la longueur mais offre une vraie réflexion de fond sur la chimère populaire de vivre une vie moins ordinaire.

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