Femmes et émancipation: six coups de coeur du festival Cinéma Méditerranéen

Shams Abdi, slameuse tunisienne, est l'une des protagonistes du film Les Fleurs du bitume. Elle était présente lors de la 17e édition du Festival Cinéma méditerranéen pour présenter le documentaire. © Karine Morales et Caroline Péricard

Pendant huit jours, l’évènement a animé le Botanique et le cinéma Aventure avec des débats, des documentaires, une compétition de fictions et une sélection spéciale consacrée aux femmes. Bilan de ce cru 2017 en six temps forts.

Marianne Khoury, Hind Meddeb, Sophie Artus, Stéphanie Crayencour et Anne Paulicevich: le jury 100% féminin de la 17e édition du festival Cinéma Méditerranéen a décerné vendredi le Grand prix au film A mon âge, je me cache encore pour fumer. Ce long-métrage de Rayhana met en scène plusieurs femmes algériennes qui discutent sexe, religion et amour dans un hammam, sans aucun tabou. Un huis clos âpre et révoltant, symbole du focus féminin du festival.

De son côté, Djam de Tony Gatlif, autour d’une jeune femme grecque libre et imprévisible, a été récompensé du Prix du public ainsi que d’une mention spéciale pour son étonnante actrice principale, Daphné Patakia. La comédienne, déjà bien connue en Grèce, a notamment été séduite par l’indépendance de son personnage:« Tony Gatlif m’a appris à ne pas avoir peur voire à aimer cette sensation, à ne pas me censurer comme mon personnage, Djam, nous expliquait l’actrice en marge de la projection du film au festival. J’aimerais bien être aussi libre qu’elle. Et j’ai amené des choses de moi aussi, comme les différentes langues qu’elle parle entre le grec, le français et l’anglais. Le thème de l’exil abordé dans le film me parle puisque je suis grecque mais que j’ai vécu à Bruxelles jusqu’à la fin de mon adolescence, même si dans mon cas c’est une expatriation de luxe. »

En dehors de ces oeuvres primées, voici six autres fictions et documentaires qui nous ont marqués lors de cette 17e édition.

1. Fiction: La Belle et la meute de Kaouther Ben Hania

Très justement récompensé par un Prix spécial du jury, le film a également connu la reconnaissance du festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard en mai dernier. La Belle et la meute s’attaque au difficile sujet du viol en suivant une jeune femme tunisienne lors d’une longue nuit de combat pour obtenir justice. Entièrement tourné en plans-séquence, le spectateur suit, impuissant, cette « belle » victime d’un crime face à la cruelle « meute » de policiers et de personnel médical. Impressionnante de justesse, l’actrice Mariam Al Ferjani incarne avec une profonde résilience le personnage principal de cette histoire inspirée de faits réels. Un film coup de poing, bouleversant et essentiel.

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2. Documentaire: Les Fleurs du bitume de Karine Morales et Caroline Péricard

Au coeur de Tunis et de Sfax, Chaima s’exprime par la danse, Ouméma via le graffiti et Shams slame. Le street art conjugué au féminin est mis en avant et légitimé avec force dans Les Fleurs du bitume. Toutes trois actrices culturelles du printemps arabe et de la révolution tunisienne en 2011, elles n’en gardent pas moins leur propre vision de la liberté et de l’émancipation des femmes. Chacune à leur manière, elles reflètent les nuances d’une jeunesse à la fois pleine de désillusions et d’espoir de changement. Karine Morales et Caroline Péricard détaillent le parcours de Chaima, Ouméma et Shams avec une mise en scène aérienne, qui laisse une grande place à l’art. Un documentaire résistant qui déconstruit les clichés avec brio.

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3. Fiction: Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar

La réalisatrice de Ma première fois et Les Héritiers poursuit son exploration de l’adolescence avec ce film terriblement d’actualité autour de l’embrigadement djihadiste. Elle s’est notamment entourée de Dounia Bouzar, qui lutte contre la radicalisation en France, dans son propre rôle et des excellentes actrices Clotilde Courau et Sandrine Bonnaire. L’histoire embrasse deux chemins: celui de Sonia, 17 ans, retrouvée de justesse avant son départ pour la Syrie, persuadée de garantir par ce biais une place au paradis à sa famille; et celui de Mélanie, 16 ans, tombée dans les bras d’un « prince » sur Internet. À mi-chemin entre le point de vue des parents et celui de leurs enfants, le film n’évite pas quelques stéréotypes mais parvient à sensibiliser les consciences sur une question délicate. Mention spéciale à la comédienne Noémie Merlant, impressionnante dans le rôle de Sonia.

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4. Documentaire: Another News Story d’Orban Wallace

Entre la Syrie et les portes de l’Europe, Another News Story s’empare de la crise des réfugiés à travers une perspective originale: celle des reporters qui couvrent chaque jour ces tragiques évènements, en particulier lors de la fermeture des frontières hongroises. Sans oublier de donner la parole aux migrants et de suivre leurs expériences, l’Anglais Orban Wallace signe un plaidoyer politique interrogeant la place des médias et la nonchalance des reporters sur place, entre compassion et hostilité. À la fois touchant et choquant, le documentaire convaincrait n’importe quel réfractaire de l’importance d’apporter une aide à ces réfugiés fuyant l’enfer dans des conditions misérables.

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5. Documentaire: Mr. Gay Syria d’Ayse Toprak

Chaque année, le concours de beauté international Mr. Gay World défend les droits des personnes LGBTI, en détournant les codes de Miss World. Mahmoud, homosexuel syrien réfugié à Berlin, s’est mis en tête de faire participer son pays à ce concours, en organisant une première étape de sélection: Mr. Gay Syria. Impossible à réaliser dans son pays, il délocalise le concours en Turquie. La réalisatrice Ayse Toprak s’attarde sur plusieurs des participants, et notamment Husein, coiffeur-barbier à Istanbul, partagé entre sa famille conservatrice et sa vie de gay fier et libéré. Mr. Gay Syria est un long métrage à la fois drôle, joyeux et terrible dans son propos sur la persécution des identités sexuelles en Syrie.

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6. Documentaire: Au-delà de l’ombre de Nada Mezni Hafaiedh

Détenue en Tunisie pendant plusieurs mois pour avoir tagué un mur, l’ex-Femen Amina Sboui a depuis écrit plusieurs livres pour raconter son histoire, dont Mon Corps m’appartient. Nada Mezni Hafaiedh est entrée dans le quotidien de cette femme torturée pendant plusieurs mois, en 2016. A travers elle, la réalisatrice raconte également les destins des gays Ramy et Ayoub ainsi que des travestis Sandra et Atef, dans un pays où l’homosexualité est encore passible d’une peine d’emprisonnement. Le documentaire, essentiellement tourné en huis clos dans la maison où ils vivent tous ensemble, dérange, voire choque parfois par son côté intrusif et l’insistance à filmer des moments douloureux. Nada Mezni Hafaiedh nous explique sa démarche: « C’était dur pour eux et pour moi mais c’était vraiment comme de la téléréalité. On avait un pacte: ils savaient que j’allais persévérer et je savais qu’ils allaient me rejeter parfois, parce que c’est de cette manière qu’ils ont sorti ce qu’ils avaient dans les tripes, et dévoilé leur vraie personnalité. » Le long métrage révèle surtout une réalité souvent oubliée, et dresse de beaux portraits d’hommes et de femmes en lutte avec leurs familles, mais aussi avec eux-mêmes: « Mon film est un message aux parents, continue-t-elle, pour qu’ils ne chassent plus leurs enfants simplement parce qu’ils sont différents de la norme. On ne choisit pas d’être rejeté. »

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Salammbô Marie

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