Critique

En finir avec Black Mirror

Black Mirror S5E1: Striking Vipers © Netflix
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Faut-il continuer à suivre la série Black Mirror? Non, semblent vouloir répondre à l’unisson les trois épisodes mollassons de sa cinquième saison.

À part peut-être dans son glaçant one-shot de Noël White Christmas (2014), Black Mirror n’a jamais réitéré le double coup fumant des épisodes 2 et 3 de sa saison initiale (2011). Pire: depuis son passage sur Netflix, la création dystopique de Charlie Brooker se décline trop souvent en épisodes à thème calibrés pour un grand débat des familles façon Écran Témoin sur les hypothétiques dérives sociétales inhérentes aux récentes avancées technologiques. Beaucoup de développements laborieux et fort peu de vertige? Quelques mois à peine après un très faible épisode interactif, Bandersnatch, bourré d’impasses narratives, de redites et de dilemmes tout sauf cornéliens, la série revient pour une cinquième fournée anthologique en trois temps.

Striking Vipers, le premier épisode, questionne l’infidélité numérique au sein du couple avec la finesse légendaire d’un Thierry Ardisson (« Est-ce que sucer dans un jeu vidéo, c’est tromper? », en gros). Malgré quelques petites vérités assez bien senties sur la vie à deux, ce drame conjugal très complaisamment plombé où un homme marié baise online avec l’avatar féminin qu’emprunte son meilleur ami dans un jeu à la Street Fighter enquille les situations ridiculement capillotractées et les lapalissades éhontées à propos des différences fondamentales entre sexualité masculine et féminine. Pour un trip aussi vain qu’horriblement moraliste sur la réalité virtuelle.

Tout sauf anticipatif, le deuxième épisode, Smithereens, est assurément le plus empoté des trois. Pourtant souvent excellent, l’Irlandais Andrew Scott (machiavélique Moriarty de la série Sherlock mais aussi irrésistible curé amoureux transi de la deuxième saison de Fleabag) en fait objectivement des caisses en preneur d’otage à cran embarqué dans une histoire auscultant très littéralement l’obsession ultra contemporaine pour les téléphones portables et les notifications productrices de dopamine. Construite sous la forme d’un thriller supposément anxiogène mais aux accents inexplicablement et très maladroitement potaches, l’affaire s’achève de la plus prévisible des manières dans un peu digeste florilège de gesticulations outrées.

Méditation poussive sur les dérives de la célébrité, et la fascination aveugle qu’elle exerce, le troisième et ultime épisode, Rachel, Jack and Ashley Too, se distingue essentiellement par la présence de Miley Cyrus en popstar mélancolique lassée des exubérances infatuées qu’appellent les spotlights -autant dire qu’elle y est par essence assez peu crédible. Manipulée puis empoisonnée par son entourage, elle continue à composer des chansons jusque dans un coma profond grâce à une espèce de capteur d’ondes cérébrales. Postulat absurdement grand-guignolesque d’un épisode qui mixe aussi très grossièrement robot « intelligent » et hologramme géant dans un fatras de ringardise scénarisée à la truelle de maçon farceur. Sans conteste le plus mauvais épisode de l’Histoire du show -pire que celui des abeilles tueuses, oui…

Une série créée par Charlie Brooker. Avec Anthony Mackie, Andrew Scott, Miley Cyrus. Disponible sur Netflix. **

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